David réalisa cette académie masculine en 1778, envoi de Rome à l’Académie royale de peinture et de sculpture, alors que cette pratique avait été remise à l’honneur deux ans plus tôt par Natoire (1700- 1777). Elle fut suivie en 1779 par un Patrocle (musée de Cherbourg) qui exploitait le même thème et les mêmes sources. Tandis que le titre du tableau évoque la guerre de Troie et la mort d’Hector vaincu par Achille, le véritable sujet de cette oeuvre est la représentation d’un grand nu masculin. L’artiste gomme toute référence historique, négligeant la présence du char qui broya le héros pour se concentrer sur le corps étendu et sans vie. David s’attarde sur le rendu des chairs, le velouté des carnations qu’il oppose à la texture de l’étoffe, donnant dans ce brillant exercice de style toute l’ampleur de son talent. Rien ne rappelle l’atrocité du supplice pour préserver toute la vigueur des effets, et seul le clair-obscur caravagesque qui éclaire la scène concourt à l’intensité dramatique de la mort du héros. David ne se sépara jamais de cette toile qu’il conserva dans son atelier, comme un modèle pour ses élèves, notamment le jeune François-Xavier Fabre. S’il ne s’adonna plus par la suite à de tels exercices académiques, on peut, quoi qu’il en soit, voir dans ce tableau un véritable repère pour ses oeuvres futures. L’austérité de la composition, le cadre atemporel du sujet sans notation particulière annoncent déjà ses autres grands nus héroïques que seront le Marat (Bruxelles, musées royaux) ou le Bara (Avignon, musée Calvet). Cependant, il ne s’agissait alors plus de puiser son inspiration aux sources de la mythologie passée mais d’incarner l’histoire contemporaine et les martyrs de la Révolution.
Emplacement
- 22 - Galerie HoudonNuméro d'inventaire
851.1.1
Date
1778
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Le corps
- Mythologie