Au cours de son premier voyage à Rome en 1846, le jeune collectionneur Alfred Bruyas passe commande à son compatriote Alexandre Cabanel, alors pensionnaire à la villa Médicis, d’un certain nombre de tableaux témoignant de son séjour en Italie. Le premier d’entre eux, un Portrait d’Alfred Bruyas, nous montre le jeune homme incarnant à merveille le modèle classique du voyageur cultivé (musée Fabre). D’une tout autre ambition, le triptyque Albaydé, Un penseur, jeune moine romain et La Chiaruccia, mûrement réfléchi par les deux hommes, hisse une iconographie italienne devenue banale à la hauteur de la parabole, en y introduisant les aspirations d’une jeunesse marquée par le romantisme. Albaydé est un personnage apparaissant dans Les Tronçons du serpent, chant XXVI des Orientales de Victor Hugo (1802-1885) : « Car elle avait quinze ans, un sourire ingénu, / Et m’aimait sans mélange, / Et quand elle croisait ses bras sur son sein nu, / On croyait voir un ange ! » Paru en 1829, le recueil marque l’essor irrésistible du courant orientaliste qui fournit aux peintres un réservoir inépuisable de sujets, peuplés d’odalisques largement fantasmées. Cabanel substitue à la gracieuse image de Victor Hugo, toute pudique, celle d’une innocence flétrie, d’une candeur déchue : l’expression absente du regard, l’indifférence molle, le négligé de l’habit, le calice du liseron ouvert à la hauteur du ventre, tout concourt à faire du personnage un objet sensuel.
Emplacement
- 31 - Galerie BruyasNuméro d'inventaire
868.1.7
Date
1848
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Mythologie