Alors qu’il rentrait de Rome, nouvellement agréé par l’Académie, Vincent montra à l’occasion de sa première participation au Salon en 1777 toute l’étendue de son talent. Parmi les quinze toiles aux sujets variés qu’il exposa, le jeune artiste traitait avec le Bélisaire et son pendant Alcibiade et Socrate deux épisodes de l’histoire antique vantant la morale et l’exemplarité des Anciens. Bélisaire, rendu célèbre par le roman de Marmontel, publié en 1767, était le général en chef des armées de Justinien. Victorieux des Vandales et des Ostrogoths, il fut victime d’un complot et disgracié par l’empereur. Condamné à errer, aveugle, mendiant pour sa subsistance, il est reconnu par un de ses anciens soldats. Traité par Jollain en 1767 (marché de l’art), Durameau en 1775 (Montauban, musée Ingres- Bourdelle), Peyron en 1779 (Toulouse, musée des Augustins) et surtout David en 1781 (Lille, Palais des Beaux-Arts), le sujet séduisit de multiples artistes car il évoquait tout à la fois les revers de la fortune et, malgré les épreuves, la permanence des vertus du héros. Bélisaire s’avance humble et sans honte, accompagné d’un enfant qui recueille les aumônes dans un casque, symbole de sa gloire passée, alors que son lieutenant le regarde, à la fois incrédule et honteux. Sur le visage des autres protagonistes se lisent l’indignation et le remords. Alcibiade est quant à lui passé à la postérité comme l’un des principaux interlocuteurs de Socrate ; intervenant dans Le Banquet de Platon et dans deux dialogues qui portent son nom, cet homme d’État grec était connu autant pour sa beauté que pour sa vanité. Il est représenté ici recevant les leçons du philosophe, dans un contraste où la grâce du beau jeune homme s’oppose à la laideur du penseur, puissant pédagogue et esprit éclairé par son génie. Ces deux tableaux sont traités dans un cadre serré, les personnages sont saisis à mi-corps dans une composition rappelant Caravage ; les notations de décor sont absentes et seuls le contraste des costumes, l’échange des regards, le jeu des gestes donnent leur tension dramatique aux deux scènes. S’écartant ainsi d’une vision grandiloquente de la peinture d’histoire, Vincent incarnait le renouveau qui se jouait alors dans l’art et devenait l’un des chefs de file du néoclassicisme.
Emplacement
- 21 - Salle DavidNuméro d'inventaire
837.1.95
Date
1777
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Allégories et symboles
- Mythologie