Ce panneau est une pièce très importante de la peinture française du xvie siècle, période mal connue dont subsistent surtout des peintures murales, comme celles de Rosso Fiorentino (1494- 1540) et de Francesco Primatice (1504-1570) au château de Fontainebleau et de Noël Jallier (actif vers 1550) au château d’Oiron. La Charité de 1518 d’Andrea del Sarto (1486-1530), peinte pour François Ier, est à l’origine de la divulgation en France de l’iconographie italienne de la vertu chrétienne de la charité qui symbolise l’amour de Dieu et l’amour du prochain : une femme qui accueille, allaite et réchauffe trois enfants. Charles Sterling attribua en 1955 à Jean Cousin le Père La Charité de Montpellier auparavant donnée à l’école de Primatice puis à celle de Rosso. Mal connu, on sait qu’il fit des cartons pour des tapisseries (Vie de saint Mammès, 1544, musée du Louvre et cathédrale de Langres), pour des vitraux, des décors éphémères pour l’entrée d’Henri II à Paris ; une seule peinture lui est attribuée avec certitude, l’Eva, prima Pandora (vers 1549-1550) du musée Louvre. L’opinion de Sterling est fondée sur la ressemblance des figures féminines des tableaux du Louvre et de Montpellier inspirées des nus antiquisants peints en France par Rosso et Primatice à Fontainebleau, ainsi que sur la similarité entre les plis aigus de La Charité et ceux des drapés dans les cartons de la Vie de saint Mammès. Le coloris acide appartient au monde maniériste de Fontainebleau. Il est très probable que la composition de Cousin soit inspirée directement d’un stuc de Rosso de la galerie François Ier, représentant une Charité romaine, ou d’après la gravure de 1542 qui la reproduit presque fidèlement, attribuée à Giulio Bonasone (actif à Rome et Bologne entre 1531 et 1576) : la figure féminine est nue dans une position bien proche (en dernière instance, un modèle romain antique, le bas-relief de Tellus de l’Ara Pacis à Rome, est peut-être à l’origine de toutes ces oeuvres). Les cheveux emportés par le vent, motif emprunté à Rosso, donnent du dynamisme à l’élan des enfants. Très stylisé, ce tableau aux contours très linéaires est d’une rigueur de composition qui simplifie les plans et les formes, d’une monumentalité modulée par les lignes légères sur le rideau rouge, les ombres rares et transparentes qui donnent du volume aux corps
Emplacement
Salle du Jeu de PaumeNuméro d'inventaire
884.3.1
Date
1540
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Allégories et symboles
- Femme, féminin, féminité