Antiochus et Stratonice

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Antiochus et Stratonice
INGRES Jean Auguste Dominique
(Montauban, 1780 - Paris, 1867)

L’histoire d’Antiochus et Stratonice appartient à la geste des Séleucides, dynastie qui régna sur la Syrie et une partie de l’Orient hellénistique au ive siècle avant J.-C. Plutarque raconte dans sa Vie de Démétrius comment le prince Antiochus tombe secrètement amoureux de sa jeune belle-mère, Stratonice. Contraint de cacher cette passion coupable, il dépérit jusqu’à ce que le médecin Érasistrate remarque que les symptômes redoublent à l’apparition de la jeune femme. Ce dernier en informe le roi Séleucos qui, pour sauver son fils, n’hésite pas à se démettre en sa faveur et lui donne sa jeune épouse. Depuis la Stratonice de David (1748-1825) en 1774 (Paris, École nationale supérieure des beaux-arts), le thème est un sujet prisé qui va particulièrement fasciner Ingres. L’origine de cet intérêt vient probablement d’un opéra dû à Étienne Méhul (1763-1817), Stratonice (1792), qui fut au répertoire de l’orchestre du Capitole à Toulouse alors qu’Ingres y tenait un pupitre de violon, de 1794 à 1797. Telle qu’Ingres l’envisage, l’histoire d’Antiochus et Stratonice dépasse l’anecdote moralisatrice stigmatisant les mariages de raison. Ce sont bien les souffrances de l’amour contrarié qu’il met en scène, avec une science consommée de l’art du récit, et un soin méticuleux du détail. Après quelques esquisses en 1801 et 1806 (musée du Louvre), Ingres réalise son premier tableau sur le thème en 1825 (non localisé), puis une version aboutie en 1834 (Cleveland Museum of Art). À peine nommé directeur de l’Académie de France à Rome, il s’appuie sur l’étude minutieuse des vases grecs et des recueils d’archéologie. Chaque élément du mobilier est inspiré de décors antiques : le lit, imité d’un édicule funéraire, symbolise probablement la mort qui frôle le héros. Ce souci de fonder la narration sur des sources archéologiques devient, au fil du temps, une véritable obsession qui explique l’élaboration exceptionnellement longue de la troisième version (Chantilly, musée Condé) : « Cet ouvrage, suscité par quelque mauvais génie, me rend, outre beaucoup de dépenses qu’il m’a coûtées, l’homme le plus malheureux par le temps que j’y consacre », écrit-il en 1837. Achevé en 1840 pour le duc d’Orléans, le tableau, gravé par Réveil en 1851, connaît un très grand succès et apparaît comme le manifeste du style néogrec. Au soir de sa vie, Ingres revient à nouveau sur le thème en 1860 (Philadelphia Museum of Art, avec la présence inusitée d’un lévrier au pied du lit), puis entreprend la version de Montpellier, achevée un an avant sa mort. Ce dernier tableau, dont la composition est inversée par rapport aux précédents, s’appuie non seulement sur un calque portant le relevé de la version de 1840, mais aussi sur un daguerréotype et plusieurs épreuves sur papier (Montauban, musée Ingres). Il semble qu’Ingres ait eu recours à cette technologie balbutiante pour expérimenter de nouveaux effets de lumière, ce qui expliquerait la clarté remarquable de ce tableau, oeuvre de toute une vie.

Emplacement

- 33 - Ingres et l'ecole des Beaux Arts

Numéro d'inventaire

884.1.1

Date

1866

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 95.00 cm x H. 63.00 cm
avec cadre : L. 137.50 cm x H. 106.50 cm x E. 13.50 cm

Materiaux

peinture à l'huile_RS_crayon

Genre

Histoire

Thème

  • Mythologie