C’est en 1888, alors qu’il intègre l’académie Julian, que Maurice Denis rencontre Pierre Bonnard, Maurice Vuillard, Paul Sérusier, Paul-Élie Ranson, avec lesquels il fonde, en octobre de la même année, le mouvement nabi. Maurice Denis devient rapidement le héraut de ce groupe marqué par l’influence de Paul Gauguin, un fort mysticisme et un goût prononcé du décor. Il publie notamment en 1890 dans la revue Art et Critique l’article « Définition du Néo-Traditionnisme », dont un passage est resté célèbre : « Se rappeler qu’un tableau, avant d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque anecdote, est essentiellement une surface plane recouverte de couleurs en un certain ordre assemblées. » Surnommé « le nabi aux belles icônes », ayant découvert très jeune l’oeuvre de Fra Angelico au musée du Louvre, Maurice Denis regarde à nouveau les primitifs italiens lors d’un voyage dans la péninsule entre 1895 et 1898, qui l’inspirent dans son traitement archaïsant et simplifié des figures, ainsi que dans la palette colorée. Réalisé à une date charnière, l’Autoportrait de 1919, aux tonalités fauves, est concomitant de la création des Ateliers d’art sacré, fondés avec George Desvallières. L’année 1919 est également celle durant laquelle l’artiste débute le décor de la chapelle du Prieuré à Saint-Germain-en-Laye, un ancien hôpital construit par Mme de Montespan, où Maurice Denis réside avec sa famille. La ferveur religieuse croissante qui accompagne la carrière du peintre se manifeste jusque dans l’arrière-plan du tableau où figure, à droite, une descente de Croix, qui n’est pas sans évoquer l’Autoportrait au Christ jaune de Paul Gauguin (1890, Paris, musée d’Orsay) que Denis possède alors dans sa collection personnelle. Cet Autoportrait n’est pas inédit dans l’oeuvre de l’artiste qui s’est fréquemment représenté tout au long de sa vie (Autoportrait à l’âge de dix-huit ans, 1889, Autoportrait devant le prieuré, 1921, Saint-Germain-en- Laye, musée départemental Maurice-Denis), tandis qu’un autoportrait tardif (1938, ibid.) laisse voir, à la droite du peintre, le tableau présenté ici. Cette peinture fut donnée au musée en 1995, accompagnée d’un portrait de la seconde épouse de Denis, Élisabeth, ainsi que d’un portrait enfant de leur fille Pauline, épouse du donateur.
Emplacement
- 40 - Salle CastelnauNuméro d'inventaire
95.10.1
Date
1919
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- L'artiste