Buste de Jean-Baptiste Riban (1752-1821)

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Buste de Jean-Baptiste Riban (1752-1821)
PAJOU Augustin
(Paris, 1730 - Paris, 1809)

C'est lors de son séjour montpelliérain durant la Terreur (1792-1794) que Pajou modela ces deux bustes d'enfants. Le buste de la jeune fille était entré au musée Fabre grâce au legs de Mme Renée de Cabrières, épouse de Frédéric Sabatier d’Espeyran. Cette importante collection abritait en effet plusieurs oeuvres de Pajou, notamment le Buste de madame Allut, fille d’une famille de parfumeurs locaux, et celui d’un homme inconnu qui venaient compléter le buste du Conventionnel Beauvais de Préau (1745-1794), présent dans les collections depuis la Révolution. Ce groupe était encore enrichi par l’acquisition du buste du jeune Paulin des Hours en 1978, puis, plus récemment, celui de Jean-Baptiste Riban. Les premiers contacts de Pajou avec la capitale languedocienne remontaient à 1784, à la suite de la commande d’un groupe sculpté pour la place royale du Peyrou. Fuyant la tourmente révolutionnaire et cherchant un climat propice à son épouse malade, Pajou se réfugie à Montpellier en 1792, accueilli par Maurice Riban (1721-1805), père de Jean-Baptiste, parfumeur et membre fondateur de la Société des beaux-arts, dont il modela également un buste en terre (Vizille, musée de la Révolution française). L’hospitalité bienveillante de cet amateur offrit un havre paisible à l’artiste, qui réalisa pendant cette période de nombreux portraits sculptés des notables montpelliérains. Issu d’une famille de propriétaires terriens de l’Hérault, François Farel adopta son neveu Paulin des Hours dont il fit son héritier. Outre cette terre cuite, le jeune garçon est connu par un tableau contemporain réalisé par Antoine Jean Gros (1771- 1835) (Rennes, musée des Beaux-Arts). La proximité stylistique entretenue avec le Buste de jeune fille semble indiquer deux pendants et a longtemps laissé croire que l'effigie féminine représentait une soeur de Paulin. L’étude généalogique n’a cependant pas permis à ce jour de l’identifier clairement, bien que l'inscription sur le piédouche atteste de son origine montpelliéraine. Avec une réelle empathie pour ses modèles, c’est une vision de l’enfance sensible et pleine de tendresse que nous donne Pajou. Si l’expression des visages est un peu figée, l’arrondi poupin de la tête du garçonnet, transcrite avec justesse, contraste avec le traitement plus affiné du profil féminin. Une élégante arabesque ouvre le col de Paulin alors qu’un fin plissé dégage la gorge de la jeune fille ; les fines boucles de leurs chevelures s’épanouissent sur leurs épaules en une savante cascade qui contribue au sentiment de fraîcheur de ces portraits. Fidèle à l’esprit du XVIIIe siècle et aux théories rousseauistes, Pajou nous donne à voir la vision idéalisée d’une enfance insouciante et heureuse que le monde des adultes n’a pas encore pervertie. L’expression de Jean-Baptiste Riban est plus ferme et résolue, les sourcils froncés et la bouche esquissant un sourire spirituel. Cet amateur d’art, qui fréquenta avec passion les réunions de la Société des beaux-arts de Montpellier aux côtés de son père Maurice, est représenté dans un costume élégant, la chemise largement ouverte. Les multiples revers du col offrent une dynamique particulière à l’effigie, de même que les ondulations de la perruque, qui donnent du rythme et du relief. Ce bel ensemble sculpté atteste de la fécondité du séjour montpelliérain de Pajou comme du goût de l’élite sociale montpelliéraine, soucieuse de se voir immortalisée dans d’élégants bustes pleins de vie.

Emplacement

- 24 - Salle Gauffier

Numéro d'inventaire

2005.11.1

Date

1793

Type d'oeuvre

Sculpture

Dimensions

sans socle : L. 48.00 cm x H. 54.50 cm
L. 48.00 x H. 68.50

Genre

Portrait