Peintre de la vie de bohème comme de sujets érotiques, de la misère sociale et d’histoires sentimentales, Octave Tassaert est une figure attachante de la peinture française du xixe siècle. Spécialisé dans la lithographie, l’illustration et les petits tableaux de cabinet exécutés pour un cercle d’amateurs restreint, Tassaert ne rencontra jamais le succès espéré. Au fil de sa carrière, le peintre sombre dans la misère et l’alcool et finit par se donner la mort en 1874. Ce destin tragique, de même que la tonalité rêveuse et amère de ses tableaux, n’est pas sans rappeler les poètes maudits Gérard de Nerval (1808- 1855) ou Paul Verlaine (1844-1896). De 1851 à 1853, Alfred Bruyas reconnut en Tassaert un artiste capable d’exprimer sa philosophie esthétique et sa vision messianique de l’art. Ciel et Enfer, une des toiles les plus ambitieuses de Tassaert par son format comme par sa complexité, fut associé à cette vision. Pour cette scène apocalyptique, Tassaert puise dans la tradition flamande, aussi bien dans les représentations du Jugement dernier des peintres primitifs que dans les toiles de Rubens, ce que suggère la plasticité généreuse et énergique des musculatures et des chairs. Les couleurs froides et l’alanguissement des corps en majorité féminins évoquent un mélange d’innocence et de damnation caractéristique de la poésie de Tassaert. Au sein de sa collection, Bruyas donna un rôle décisif à ce tableau et il est possible que Tassaert l’ait modifié après l’avoir cédé à l’amateur montpelliérain. Il est en effet tentant de le reconnaître en haut à gauche, à l’entrée du paradis, tandis que la femme tourmentée observant le spectateur, au centre de la toile, pourrait être une des maîtresses secrètes de Bruyas.
Emplacement
- 37 - Salle CourbetNuméro d'inventaire
868.1.76
Date
1850
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Iconographie religieuse