Diomède roi de Thrace, tué par Hercule et dévoré par ses propres chevaux

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Diomède roi de Thrace, tué par Hercule et dévoré par ses propres chevaux
PIERRE Jean-Baptiste-Marie
(Paris, 1714 - Paris, 1789)

Jean-Baptiste Marie Pierre est une figure décisive du renouvellement artistique dans la seconde moitié du xviiie siècle. Il apporte, dès la décennie 1740, un art nouveau, plein de vigueur et de drame, servi par un pinceau habile aux couleurs franches et affirmées. Indifférent à la hiérarchie des genres, Pierre peint bambochades, scènes de genre et sujets d’histoire avec une étonnante facilité. En décorant les deux coupoles de l’église Saint-Roch à Paris (1752-1757), il renoue avec les grandes réalisations du siècle de Louis XIV. À partir de 1770, il est Premier peintre du roi, directeur de l’Académie royale de peinture et de sculpture et de la manufacture des Gobelins, et se retrouve au coeur de la politique artistique ambitieuse menée par Louis XVI. Pierre n’a que vingt et un ans lorsqu’il remporte le grand prix en 1734, et, après un séjour à Rome de 1735 à 1740, il est reçu à l’Académie sur présentation de ce tableau à l’âge de vingt-neuf ans. La composition illustre la conclusion cruelle du huitième des douze travaux d’Hercule : Diomède, qui donnait des innocents à manger à ses juments anthropophages, est vaincu par le héros qui le punit en lui faisant subir le même sort. Pierre adopte un cadrage délibérément saturé pour valoriser l’intensité du drame, le dynamisme des figures et la puissance des anatomies. Plutôt qu’une composition équilibrée, le peintre choisit de représenter Hercule en raccourci, s’avançant vers le spectateur et dominant de sa force Diomède, renversé de son char, et les chevaux au regard fou et à l’écume abondante. Le peintre mêle à cette dynamique tournoyante et chaotique des allusions savantes à la culture antique : la pose d'Hercule est reprise du fameux Gladiateur Borghèse, qu’il a pu voir à Rome (aujourd’hui au musée du Louvre), tandis que le corps de Diomède est une citation du Torse du Belvédère (musées du Vatican). Pierre peint son tableau en pleine pâte, avec une facilité qui laisse glisser la matière. Les passages d’un ton à l’autre sont assumés par des hachures bien visibles plutôt que par de discrets glacis et renforcent la brutalité de la scène. Par ce tableau, qui le rapproche de Pierre Subleyras et de Joseph Marie Vien, Pierre annonce la fin de l’esthétique suave et nacrée de la rocaille

Emplacement

- 18 - Galerie des Colonnes

Numéro d'inventaire

2012.19.23

Date

1742

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

avec cadre : L. 140.50 cm x H. 195.00 cm x E. 3.00 cm
sans cadre : L. 158.50 cm x H. 194.50 cm x E. 5.50

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Histoire

Thème

  • Mythologie