Enée, dans l'embrasement de Troie, voulant retourner au combat, est arrêté par sa femme Créüse

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Enée, dans l'embrasement de Troie, voulant retourner au combat, est arrêté par sa femme Créüse
SUVEE Joseph-Benoit
(Bruges, 1743 - Rome, 1807)

Originaire de Bruges, dans les Pays-Bas autrichiens, Suvée arrive à Paris en 1763 et prend part au concours pour le grand prix de l’Académie royale, qu’il obtient en 1771, devançant Jacques Louis David et Jean Joseph Taillasson (1745-1809). À son retour de Rome en 1778, il entame une brillante carrière officielle, qui sera couronnée en 1801 par le poste de directeur de l’Académie de France à Rome (on lui doit le transfert de l’institution du palais Mancini à la villa Médicis). Le tableau, déposé par le musée du Louvre en 2005, puis restauré, permet d’évoquer au musée Fabre la grande peinture d’histoire de goût antiquisant durant les années qui précèdent la Révolution. Le sujet est emprunté à un passage du livre II de l’Énéide de Virgile : sommé de quitter la ville en flammes, Anchise, père d’Énée, « refuse de survivre à la ruine de Troie et de subir l’exil ». C’est alors qu’Énée, au comble du désespoir, s’apprête à reprendre les armes pour venger les siens. Sur le seuil du palais, Créüse, son épouse, se jette à ses pieds en lui présentant leur fils, Ascagne, et en le suppliant de défendre d’abord leur demeure. La scène se concentre sur les trois héros au premier plan, formant une sorte de pyramide idéale mise en valeur devant la rigoureuse architecture de pierre. Dans le fond, au milieu des vapeurs de la ville en flammes, on distingue Anchise tenant dans ses bras la statue de Pallas Athéna, environné d’une foule gesticulante. Suvée, qui avait subi à Rome l’influence de Joseph Marie Vien et d’Anton Raphael Mengs (1728-1779), s’inscrit parfaitement dans le vaste courant de renouveau de la peinture voulu par le comte d’Angiviller (1730-1809), surintendant des Bâtiments du roi sous Louis XVI : sujets nobles et vertueux, clarté des compositions, gestes éloquents, souci de reconstitution archéologique. La fine ciselure des drapés, la pâte légère et délicate qui a conservé tout le velouté du vernis d’origine, le chromatisme raffiné mettant en valeur les teintes chaudes qui se détachent sur des blancs éclatants, le goût pour un certain sentimentalisme, typique de l’époque, viennent modérer la grandiloquence et l’austérité de la composition qui semble vouloir renouer avec l’idéal des grands maîtres du siècle précédent, comme Poussin ou Le Sueur.

Emplacement

- 18 - Galerie des Colonnes

Numéro d'inventaire

D2005.1.1

Date

Vers 1784

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 261.00 cm x H. 323.50 cm x E. 4.00
avec cadre : L. 282.50 x H. 346.00 cm x E. 15.00

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Histoire

Thème

  • Mythologie