Etude pour "Jésus au milieu des docteurs"

L’Apothéose d’Homère est l’une des plus ambitieuses compositions d’Ingres, destinée au plafond d’une salle des antiquités égyptiennes au Louvre. Mais sa présentation ne recueillit qu’une indifférence polie au Salon de 1827, où triompha le jeune mouvement romantique. L’étude du musée Fabre a été découpée avec une précision parfaite : la page est calée sur la figure de droite, le buste d’Aristote, qui lui donne sa hauteur, et la figure de gauche, Ménandre, flanqué de Démosthène, qui lui donne sa largeur. Nulle réunion hétéroclite de morceaux divers, mais seulement des visages et des mains, c’est-à-dire les instruments de l’éloquence, le langage du peintre. Jésus parmi les docteurs, conservé au musée Ingres de Montauban, nécessita vingt années d’études, de 1842 à 1862. Le tableau du musée Fabre, composé de quatre pièces assemblées et marouflées sur bois, apparaît comme une contraction du tableau final : les personnages, des docteurs de la Loi, occupent leur place respective autour de la figure du Christ enfant, ici absente. Parmi eux, l’homme à la barbe noire est réputé être un portrait déguisé de Théophile Gautier (1811-1872). C’est sans doute ce qui séduisit le collectionneur qui, soucieux de n’ajouter que des oeuvres exemplaires à sa galerie, voyait dans cette étude « un résumé assez complet du peintre et du dessinateur ». Avec cet achat, Bruyas avait sans nul doute conscience de poser la dernière pierre d’un édifice dans lequel sa vie et sa fortune s’étaient consumées.