Élève du baron Gros (1771-1835), Joseph Désiré Court est l’exemple même du peintre de transition, partagé entre l’école de David et celle d’Ingres, entre les héros antiques et les portraits raffinés de ses contemporains. Il est d’abord le peintre des grands formats, tels La Mort de César, son coup d’éclat au Salon de 1827 (440 × 540 cm, Arras, musée des Beaux-Arts, esquisse au musée Fabre) ou encore Boissy d’Anglois saluant la tête du député Féraud (492 × 813 cm, Rouen, musée des Beaux-Arts). Après ces travaux herculéens, dont la réception est parfois mitigée, Court se limite à l’art du portrait et aux figures de genre. Il vit de commandes officielles, de la monarchie de Juillet comme de la cour de Russie (Le Prince Oldenburg, Saint-Pétersbourg, musée de l’Ermitage), puis de sa charge de conservateur du musée des Beaux-Arts de Rouen à partir de 1853. Cette Femme à mi-corps, couchée sur un divan est bien différente de la formule du portrait de commande ; elle appartient à un genre plus gracieux qui trahit l’intimité du peintre avec son modèle. On retrouve ce type féminin au visage ovale et aux lèvres légèrement ourlées dans Rigolette cherchant à se distraire de l’absence de Germain (1844, Rouen, musée des Beaux- Arts) ou encore dans le Portrait présumé de la femme de l’artiste (Dijon, musée Magnin). Comme on l’a souvent souligné, l’alliance ostensiblement représentée sur le tableau du musée Fabre, ainsi qu’une certaine ressemblance avec le tableau de Dijon, semble confirmer cette dernière identification. Lorsque survient en 1866 la vente après décès de Court, le collectionneur Alfred Bruyas charge son agent à Paris, l’artiste Jules Laurens, d’acquérir une oeuvre « caractéristique de la peinture de son époque et de la manière de l’auteur », ce qui est fait dans des conditions avantageuses : « C’est incontestablement bien au-dessous de sa valeur que j’ai pu vous avoir pour 300 F une peinture très complète de femme à mi-corps grandeur nature couchée sur un divan […]. La figure de femme, dont le modèle, répété à satiété par Court, était certainement sa plus grande affection, et de coeur et d’art, est empreinte du cachet le plus franc et vivant. […] Ici, comme dans Gros, Géricault, Heim, Schnetz, est l’accent loyal du vrai type antique et éternellement jeune. » Bruyas devait fort apprécier le tableau de Court, qu’il résume ainsi dans sa Galerie, parue en 1876 : « Son meilleur portrait, c’est la Femme à mi-corps, à draperie bleue, couchée sur un divan, son type de prédilection. Il faut aimer quelqu’un pour faire quelque chose de beau. »
Emplacement
- 31 - Galerie BruyasNuméro d'inventaire
868.1.16
Date
1829
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- Femme, féminin, féminité