Ce superbe tableau entré dans les collections du musée en 2010 grâce à la libéralité d’une descendante de Félix Sabatier, premier possesseur de l’oeuvre, peut être considéré comme un des plus beaux témoignages du style néogrec en peinture. Papety le réalise en 1839-1840 comme envoi de troisième année lors de son séjour à Rome à la villa Médicis (1837-1842). Il se décide pour ce thème après un séjour à Naples et dans ses environs qui l’émerveillent tant pour les beautés antiques que pour la splendeur du paysage. Fortement influencé par les recherches d’Ingres – alors directeur de l’Académie de France à Rome (Antiochus et Stratonice, Chantilly, musée Condé ; musée Fabre) – autour de l’art grec, Papety se livre à une reconstitution idéale et poétique de l’Antiquité : à gauche sous un petit édicule classique, une femme de profil est occupée à remplir une hydrie ; au centre, hiératiques et majestueuses, deux femmes retiennent sur leur tête une amphore ; à droite, tout près d’un petit autel et d’un bosquet, d’autres femmes attendent nonchalamment leur tour ; à l’arrière-plan, on distingue un autre groupe de femmes immobiles devisant tandis que des cavaliers tout droit descendus de la frise des Panathénées s’apprêtent à pénétrer dans la ville ; dans le lointain, le bleu de la Méditerranée et une île comme on en rencontre dans le golfe de Naples. La reconstitution minutieuse du cadre de vie antique allant de simples ustensiles aux édifices de l’acropole au loin, les contrastes de couleurs très affirmés (chitons blancs, ocre rouge de l’autel, de l’édicule) montrent que Papety est largement redevables aux recherches contemporaines des pensionnaires architectes – Baltard, Boulanger, Guénepin – autour de la polychromie des anciens Grecs. Malgré la rigueur implacable de la composition (lointain héritage de Poussin et de son Éliézer et Rébecca du musée du Louvre), il se dégage de l’oeuvre un parfum obsédant de charme et de naturel qui fait penser à une églogue de Théocrite. C’est en faisant l’apprentissage d’un nouveau primitivisme que Papety escomptait retrouver les secrets d’une Antiquité vivante et éternelle.
Emplacement
- 33 - Ingres et l'ecole des Beaux ArtsNuméro d'inventaire
2010.17.1
Date
1839
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Scène de genreThème
- Eau
- Femme, féminin, féminité
- Vie quotidienne