Fleurs, fruits et objets d'art

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Fleurs, fruits et objets d'art
MONNOYER Jean-Baptiste
(Lille, 1636 - Londres, 1699)

Ce tableau célèbre constitue le morceau de réception de l’artiste à l’Académie royale de peinture et de sculpture le 3 octobre 1665. Il peut être considéré comme l’un des plus beaux exemples de l’art de Monnoyer, mais aussi de toute la nature morte française du Grand Siècle. Avec Monnoyer, la nature morte s’écarte des compositions austères et dépouillées des « peintres de la réalité » de la première moitié du siècle – Lubin Baugin (vers 1612-1663), Louise Moillon (1609/1610-1696), Jacques Linart (1597-1645) – pour retrouver, dans le sillage de Pierre van Boucle, l’abondance et l’opulence de l’art des Flandres. Malgré sa fidélité à la nature, attestée par les auteurs anciens, Monnoyer ne craint pas de juxtaposer ici fleurs de printemps et fruits d’été et d’automne auxquels il adjoint, faisant fi de toute vraisemblance, vase antique, buire, cassolette, sphinge, horloge, mappemonde ainsi que la palette du peintre et ses pinceaux. Au-delà de la profusion décorative, il faut voir dans ce tableau une sorte de portrait symbolique du mécène idéal, faisant preuve d’une curiosité universelle (comme le suggère le globe) et capable d’apprécier avec un goût très sûr les plus belles productions de la nature et les créations les plus raffinées et ingénieuses de l’esprit humain. Le souverain, qui n’est autre que le jeune Louis XIV transfiguré en nouvel Alexandre ou Auguste, ramène une ère de paix et de sagesse politique qui est favorable à la prospérité de la nation et à l’art. Avec un sens inné de l’orchestration décorative apprise aux côtés de Charles Le Brun (1619-1690), peut-être dès Vaux-le-Vicomte, puis aux Gobelins et sur les plus grands chantiers du nouveau règne, Monnoyer unifie sa composition à l’aide de la lourde tenture retenue par des cordons de passementerie et de la cascade majestueuse de la pièce de brocart étincelante d’or. La lumière savamment distribuée exalte les colorations claires et translucides et s’insinue dans les empâtements plus densément nourris. Face au Temps destructeur qui bientôt ensevelira tant de richesse, seule, au pied de l’autel, se dresse la palette du peintre afin de témoigner pour les générations futures des merveilles de ce nouvel âge d’or français.

Emplacement

- 15 - Salle Bernin

Numéro d'inventaire

2012.19.19

Date

1665

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 184.50 cm x H. 142.00 cm x E. 3.50
avec cadre : L. 200.00 cm x H. 156.00 cm x E. 8.50 cm

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Nature morte

Thème

  • Alimentation
  • Allégories et symboles
  • Art et pouvoir
  • Fleurs
  • Nature