Peintre de genre d’une grande longévité, Van Ostade a beaucoup évolué : sa manière des années 1630-1640, inspirée des truculences du Flamand Adriaen Brouwer (vers 1605/1606-1638), fait sien le clair-obscur de Rembrandt pour en tirer des effets de lumière étranges et presque inquiétants ; après 1640, le climat de ses scènes populaires s’apaise puis, après 1660, il privilégie un coloris clair, une lumière égale, une facture lisse et fine, très détaillée, qui cherche certainement à suivre la mode des fijnschilders (peintres fins) de Leyde, comme Gerrit Dou : c’est à ce dernier style que notre tableau de 1666 appartient. À l’instar du Flamand David Teniers le Jeune, Van Ostade maîtrise une harmonie colorée à base de bruns et de gris, de bleus et de mauves, exaltée de discrètes taches rouges. Nouvelle parenté avec le très admiré Teniers, sa peinture des moeurs populaires est pleine d’empathie et heureuse, charmée de montrer des paysans paisibles, même un peu endormis par les effets narcotiques du tabac et du vin : on conçoit difficilement cette scène comme une caricature de moeurs dépravées ou comme une injonction à la tempérance, significations en filigrane de maintes scènes de genre du début du siècle, telles d’ailleurs les premières « gueuseries » de Van Ostade. Si les traits et les chiffres à la craie récapitulent probablement les consommations des clients, certains détails – le dévidoir, le chapelet – font penser que ces paysans sont dans une auberge familiale, domestique. La bonhomie rustaude des corps épais de ces paysans tente de retrouver l’humanité « abstraite », générale des figures monumentales de Pieter Bruegel l’Ancien (vers 1525-1569), modèle finalement constant de Van Ostade.
Emplacement
- 4 - Salle DouNuméro d'inventaire
836.4.41
Date
1666
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Scène de genreThème
- Vie quotidienne