La Déploration du Christ

La Déploration sur le Christ mort, révélée au public lors de la rétrospective consacrée à l’artiste par le musée Fabre en 2000, témoigne de la profondeur du sentiment religieux de Bourdon ainsi que du réel renouvellement de son art vers la fin de sa vie. Bourdon s’est intéressé à plusieurs reprises à ce thème tout au long de sa carrière, d’abord dans une toile de jeunesse, ténébreuse et naturaliste (musée Fabre), puis, vers 1646, dans une grande composition, puissante et pathétique à la fois (Paris, musée du Louvre). De cette composition, on retrouve dans notre tableau l’idée du beau corps athlétique et livide du Christ allongé sur la dalle du tombeau, et dominé par le manteau bleu de la Vierge de douleur. Mais la calme grandeur du tableau du musée du Louvre a cédé ici la place à une composition plus confuse et encombrée qui traduit bien l’envahissement de la douleur et le désarroi profond : plis sinueux des étoffes, lourdeur des corps, distorsions dans l’échelle des figures, palette incandescente.