Émile Friant eut une carrière marquée par le succès et les titres officiels : dès l’âge de quinze ans, il expose au Salon de la Société des amis de Nancy, et il est lauréat du second prix de Rome à l’âge de vingt ans. Élève de Théodore Devilly (1818-1886) à Nancy puis dans l’atelier du Montpelliérain Alexandre Cabanel à l’École des beaux-arts de Paris, où il côtoie le Nancéien Victor Prouvé, Friant obtient le prix du Salon en 1889 pour La Toussaint (Nancy, musée des Beaux-Arts), réalisée un an avant La Lutte. C’est à l’occasion de la première édition du Salon de la Société nationale des beaux-arts en 1890 que Friant présente ce tableau. Traitée dans une veine naturaliste, cette toile figure deux garçons aux prises l’un avec l’autre, observés par un groupe d’enfants de l’autre côté de la rive. Le déploiement en profondeur de la campagne des environs de Nancy, jusqu’à la côte de Malzéville, est permis par le format particulièrement allongé de la toile. L’oeuvre est immédiatement louée par la presse, qui fait de Friant l’un des rares « dessinateurs amis des détails exacts » (Le Progrès de l’Est, 28 mai 1890). Cette précision du trait témoigne de l’intérêt de l’artiste pour la photographie, à l’instar d’autres peintres naturalistes, tel Pascal Dagnan-Bouveret (1852-1929). Le thème des lutteurs, « prétexte à l’exaltation des carnations en plein air » (ibid.), n’est pas inédit dans l’oeuvre de Friant ni dans celui d’autres peintres de la seconde moitié du xixe siècle. De Friant, nous connaissons un dessin, Scène de lutte aux Grands Moulins (Nancy, Musée lorrain), réalisé en 1884, ainsi qu’une petite toile intitulée Le Lutteur (vente Sadde, Dijon, 12 décembre 1999, lot 14). L’artiste a pu voir Les Jeunes Lutteurs (collection particulière) de Paul Gauguin, peint en 1888 et exposé au café Volpini. Tout comme Alexandre Falguière qui avait obtenu une médaille au Salon de 1875 pour un tableau représentant le même sujet (Paris, musée d’Orsay), Friant a certainement à l’esprit l’oeuvre du chantre du réalisme, Gustave Courbet (Lutteurs, Budapest, musée des Beaux-Arts), exposée au Salon de 1853 au-dessus des Baigneuses. La toile de Friant présentée ici fut achetée par Coquelin aîné, célèbre acteur de la Comédie- Française et l’un des principaux mécènes de Friant, avant d’être vendue par le comédien pour des raisons financières
Emplacement
- 40 - Salle CastelnauNuméro d'inventaire
895.4.1
Date
1889
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Scène de genreThème
- Le corps