La Mort d'Abel

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La Mort d'Abel
FABRE François-Xavier
(Montpellier, 1766 - Montpellier, 1837)

Loué par la critique lors de sa présentation à Paris au Salon de 1791, le tableau témoigne brillamment des ambitions du jeune Fabre alors considéré comme l’un des plus doués et prometteurs élèves de David (1748-1825). Pensionnaire du roi à Rome, Fabre exécute, selon les règlements de l’Académie, plusieurs académies masculines (musée Fabre) dont celle-ci est de loin la plus élaborée. Il s’inspire d’un passage de la Genèse (4, 8) : Caïn, le laboureur, et Abel, le berger, sont les fils du premier couple humain. Caïn, jaloux de son frère – dont les offrandes ont plu à l’Éternel –, décide de le tuer. Fabre représente le héros biblique le corps nu, renversé sur une dalle de pierre après le combat avec son frère Caïn. Le jeune peintre répondait à la double exigence de peindre une académie dans un souci d’objectivité et de clarté, mais aussi d’exprimer une émotion, préoccupation essentielle du peintre d’histoire qu’il rêvait alors de devenir. La paroi rocheuse, coupante et déchiquetée par endroits, le rideau de verdure, les vapeurs du brasier exaltent le corps glorieux du héros, glabre et lisse comme une sculpture antique. Le soin apporté au rendu des belles matières tactiles – peau de lion à revers de daim, lanière de cuir, chevelure aux reflets auburn –, l’expression boudeuse, le regard à demi mort, le site solitaire et romantique ajoutent encore au charme fascinant et trouble de ce tableau, mettant en scène avec un raffinement extrême cette mort mythique, brutale et injuste. Le chef-d’oeuvre de Fabre s’inscrit dans une longue tradition d’académies viriles depuis David, Drouais (1763-1788) ou Regnault (1754-1829) et préfigure Le Sommeil d’Endymion (musée du Louvre) de son rival Girodet (1767-1824), unanimement admiré au Salon de 1793. En pleine Révolution, Fabre faisait une percée remarquée dans le monde de l’art, qui laissait présager une brillante carrière. Le souvenir du Salon de 1791 le poursuivra durant tout son parcours de peintre, et c’est avec une pointe de nostalgie que la critique y fera allusion à chaque fois que Fabre se rappellera à l’attention du public du Salon sous l’Empire.

Emplacement

- 22 - Galerie Houdon

Numéro d'inventaire

825.1.60

Date

1790

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 198.50 cm x H. 147.00 cm x E. 3.00
avec cadre : L. 223.00 cm x H. 171.50 cm x E. 13.00 cm

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Histoire

Thème

  • Le corps
  • Mythologie