La Mort d'Abel. Paysage historique

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La Mort d'Abel. Paysage historique
REMOND Jean Charles Joseph
(Paris, 1795 - Paris, 1875)

Issu d’une famille d’imprimeurs d’estampes, Rémond est lauréat du grand prix de Rome pour le paysage historique en 1821 (après Michallon, grand prix en 1817). De son séjour de cinq années en Italie, il rapporte un très riche matériel visuel de dessins et d’études à l’huile réalisés dans les environs de Rome et en Campanie, qui vont nourrir l’oeuvre à venir. Artiste à succès, présent au Salon (huit tableaux en 1827), décoré de la Légion d’honneur en 1834, Rémond tente de régénérer le genre du paysage héroïque à travers ses toiles immenses. La peinture du musée Fabre appartient à cette veine, de même que le gigantesque Élie sur le mont Carmel du Salon de 1841 (musée de Reims, détruit), considéré « sans contredit comme le plus grand paysage français qui ait jamais été peint ». D’un côté, Rémond se montre fidèle à l’enseignement de l’école : choix d’un beau sujet inspiré par l’Ancien Testament (Genèse, 4, 8), nature héroïsée patiemment réélaborée à l’atelier à l’aide d’un stock d’études, exécution à la fois fine et vigoureuse selon les différentes parties de tableau. De l’autre, Rémond s’écarte de la tradition du paysage héroïque héritée de Poussin et se montre plutôt attiré par une vision d’une nature dramatique et sauvage popularisée au xviie siècle par le Napolitain Salvator Rosa et reprise un peu plus tôt par Michallon (Thésée poursuivant les Centaures, 1821, musée du Louvre). Déjà en Italie, Rémond avait une inclination pour le caractère « sublime » de certains sites italiens et ce goût fut largement comblé par un voyage en Suisse vers 1835-1837 d’où l’artiste rapporta quantité de motifs alpestres (glaciers de Grindelwald, de Thoun, de Meyringen, bords de la Birse et du Hasli) qui viennent à l’évidence nourrir son grand tableau. Le gigantisme du format, l’inspiration terrible et farouche, la théâtralité, mais aussi le sujet violent peu relié à l’ensemble marquent une rupture définitive avec la conception humaniste et classique du paysage illustrée au xviie siècle par Annibal Carrache et par Poussin. Rémond peut être considéré comme l’ultime représentant d’une tradition académique qui devait subir les attaques du camp des naturalistes, au premier rang desquels on comptait Théodore Rousseau, ancien élève de l’atelier de Rémond. Par son romantisme sombre et échevelé, ses qualités quasi « cinématographiques », l’oeuvre de Rémond a toutes les chances de captiver à nouveau le spectateur contemporain.

Emplacement

- 30 - Salle Préault

Numéro d'inventaire

2012.19.112

Date

1838

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 400.00 cm x H. 266.00 cm
avec cadre : L. 431.50 cm x H. 299.00 cm x E. 14.50 cm

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Histoire

Thème

  • Eau
  • Iconographie religieuse
  • Le climat
  • Les émotions
  • Nature