Le tableau, véritable sommet de l’art de paysagiste de François-Xavier Fabre, vient couronner une carrière riche en recherches variées dans le domaine de la nature. Dès ses premières années en Italie, Fabre, à l’exemple de son aîné Gauffier, se montre attiré par le paysage. Plus tard, encouragé par les grands maîtres du passé – Poussin, Dughet, Claude Lorrain – et stimulé par les conseils théoriques de Pierre Henri de Valenciennes, Fabre explore avec passion la nature dans ses infinies variétés et recompose à l’atelier des paysages héroïques ou élégiaques. Le sujet est emprunté ici aux Métamorphoses d’Ovide (III, vers 339-510) : Narcisse, jeune chasseur d’une incroyable beauté, est aimé en vain de la nymphe Écho, qui se transforme en rocher, au premier plan, à droite. Pour se venger, la déesse Némésis condamne le jeune homme à s’éprendre de sa propre image près d’une fontaine où il se désaltérait, donnant ainsi naissance à la fleur au coeur d’or et aux pétales blancs qui porte dorénavant son nom. Pour servir de cadre à cette histoire poétique et mythique, Fabre crée une scénographie naturelle clairement articulée grâce à une savante maîtrise de l’espace et de la distribution de la lumière ainsi que par une sélection rigoureuse des éléments naturels, souvent étudiés à part, dans les environs de Florence, notamment au parc des Cascine. La masse sculpturale des rochers comme le petit temple antiquisant sont des emprunts à Poussin, tandis que les figures rappellent la gravure de l’école de Raphaël. La pureté des contours et l’élégance glacée font songer à la statuaire d’Antonio Canova que Fabre appréciait. Toujours à la recherche de beaux détails poétiques, Fabre environne le corps du jeune héros mort, le bras abandonné à la surface de l’eau, d’ombres délicates et de reflets scintillants. Ce tableau particulièrement accompli et médité, bien éloigné de la pensée héroïque de Poussin, retient l’attention pour son harmonie limpide, sa sentimentalité rêveuse et déjà préromantique. Il s’inscrit aux côtés des oeuvres de Valenciennes, de Jean Joseph Xavier Bidault ou de Jean Victor Bertin (1767-1842) parmi les plus belles réalisations du paysage sous l’Empire.
Emplacement
- 22 - Galerie HoudonNuméro d'inventaire
825.1.59
Date
1814
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Eau
- Fleurs
- Mythologie
- Nature