Après avoir été l’élève de Rembrandt (1606-1669) de 1628 à 1631 quand le maître séjournait à Leyde, Dou a mis au point un style de représentation illusionniste rendue possible par une technique extrêmement virtuose, fine et lisse. Le succès de ses scènes de genre à la symbolique souvent complexe a suscité bien des émules qualifiés comme lui de fijnschilders (peintres fins) de Leyde. La Souricière est peinte peu avant un autre de ses chefs-d’oeuvre, Le Charlatan de 1652 du musée Bojmans Van Beuningen à Rotterdam, deux tableaux dans lesquels Dou nous parle de l’art fallacieux du peintre. Dans le second, il se représente aux côtés d’un charlatan de foire et fait un parallèle entre leurs activités : l’un ment sur sa marchandise, l’autre produit l’illusion du réel. Dans l’oeuvre de Montpellier, un jeune apprenti peintre montre à une servante une souricière avec un rongeur prisonnier, signifiant peut-être par là qu’il sait à présent tromper l’observateur par ses peintures d’un réalisme abouti. Mais il existe d’autres interprétations de cette scène intrigante : la souris piégée pourrait symboliser les mauvais instincts que l’enfant a su dominer. Dou place dans sa scène des éléments énigmatiques : la belle salle voûtée qui sert de cuisine est ornée d’un tableau – Les Pèlerins d’Emmaüs ou une scène de l’Ancien Testament, tirée de l’histoire d’Esther, par exemple –, d’un crucifix sur la cheminée et d’une cage à oiseau suspendue. Sa virtuosité à la fois ludique et esthétique se délecte du jeu des effets lumineux, au clair-obscur savant, et au rendu des matériaux les plus divers. Ce chef-d’oeuvre a appartenu au grand collectionneur hollandais Valerius Röver, au landgrave de Hesse-Cassel, puis à l’impératrice Joséphine de Beauharnais avant d’entrer dans la collection d’Antoine Valedau.
Emplacement
- 5 - Salle SteenNuméro d'inventaire
836.4.14
Date
Vers 1645
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Scène de genreThème
- Allégories et symboles
- Animaux
- Vie quotidienne