L'Adoration des bergers

Ce tableau d’autel, pièce majeure de l’école napolitaine dans les musées français, a été acheté par Jean-Pierre Collot (1764-1852) lors de l’une des ventes de la collection de l’Espagnol Alejandro María Aguado (1784-1842), allié des Français pendant la guerre d’Espagne et installé en France après la chute du roi Joseph Bonaparte en 1813. Son attribution reste incertaine. Elle oscille entre les noms de Giovanni Coppola, peintre actif à Naples et dans les Pouilles, et Antonio Verrio (1636-1707), son élève, qui eut une carrière internationale puisqu’il travailla à Toulouse, à Paris et en Angleterre. Roberto Longhi a donné ce tableau à Verrio par analogie avec les oeuvres toulousaines, puis il a évoqué le nom de Coppola par comparaison avec Le Martyre de sainte Agathe de la cathédrale de Gallipoli. Il nous semble que la facture souple aux effets veloutés de L’Adoration des bergers, le coloris clair, le dynamisme des formes d’un élan baroque sont plutôt ceux du tableau de Coppola à Gallipoli. L’exécution plus froide et sèche de Verrio dans ses compositions moins déliées, sa connivence avec le style de Français comme Simon Vouet (1590-1649) ne se retrouvent pas dans le tableau de Montpellier qui est en fait d’une plus grande qualité. Les armoiries restent encore non identifiées, mais devraient aider, à terme, à connaître la provenance du tableau. Les accords lyriques de bleu, orange, rose et rouge correspondent au caractère jubilatoire de la touche légère et ondulante. Cette Adoration des bergers, qui n’a rien de l’intimisme touchant d’autres interprétations de ce thème, est d’un triomphalisme très baroque. La belle nature morte du premier plan participe du milieu des peintres de natures mortes napolitains. De même, certains visages de jeunes bergers témoignent de l’ambiance caravagesque qui marqua si profondément Naples