Le baptême du Christ

Ce tableau est un carton de tapisserie pour la Tenture du Nouveau Testament, commandée par la direction des Bâtiments du roi et terminée en 1757. Cinq tentures seront tissées jusqu’à la veille de la Révolution. Restout avait travaillé à d’autres cartons de cette tenture : La Cène (détruite), commencée en 1711 par son maître Jean Jouvenet (1644-1717) et qu’il achève après sa mort, puis Le Christ guérissant les malades (1725, Lille, palais des Beaux-Arts). Par rapport à ces cartons, Le Baptême du Christ doit moins à Jouvenet, dont les compositions et les figures ont une solidité classique, et montre au contraire l’inventivité et l’originalité de Restout. La tenture sera achevée en 1757 avec Le Lavement des pieds (détruit). Les personnages de Restout ont une grâce dansante et une spiritualité exaltée qui ont fait de lui le peintre religieux le plus original du xviiie siècle rococo français, période qui ne fut pas seulement celle des pastorales et des mythologies mais qui connut une intense production religieuse. Au service d’une foi sûre et charnelle, l’exécution est très séduisante, voire sensuelle, avec ses effets de moelleux, de transparence des couleurs pastel très raffinées. La composition par petits groupes de figures habilement disposés en profondeur est animée d’un souffle violent, tandis que l’irruption de la lumière du Saint-Esprit crée des effets de fulgurance. Ce sentiment d’agitation fébrile un peu fantastique exprime bien la révélation de la présence divine.