Avec la Mise au tombeau du musée de Nîmes, ce Christ au roseau est un des rares témoignages dans les collections françaises de l’art très original du peintre émilien Lelio Orsi. Attaché à la famille des Gonzague et actif en Émilie, Orsi est sensible aux modèles de Corrège (vers 1489-1534) et de Parmesan (1503-1540). L’expressivité violente de ses figures permet cependant de mesurer l’écart entre la plénitude et l’élégance de ses aînés et sa religiosité inquiète, bien caractéristique des débuts de la Contre-Réforme. Son goût pour les contrastes de lumière très prononcés, les coloris acides et les poses complexes de ses personnages attestent de son adhésion au maniérisme, dont il est l’un des interprètes les plus singuliers. Le tableau de Montpellier se distingue du corpus de l’artiste par son cadrage très resserré sur la figure du Christ, faisant sans doute de cette toile une oeuvre de dévotion privée, invitant le fidèle à ressentir intimement ses souffrances. Le dolorisme de l’expression est accentué par les attributs de la Passion : le roseau, la Croix, la colonne, les liens, la couronne d’épines. Orsi s’inspire peut-être des Christ de Sebastiano del Piombo (vers 1485- 1547), aux cadrages comparables (Madrid, musée du Prado ; Budapest, musée des Beaux-Arts). Le peintre innove cependant en revêtant son Christ d’un manteau blanc plutôt que rouge, renforçant les contrastes lumineux du tableau et lui donnant une atmosphère glaçante et pathétique. Cette toile, prise pour une oeuvre de Corrège dès le xviiie siècle et passée dans les collections du cardinal et amateur d’art Silvio Valenti-Gonzaga (1690-1756), fut vendue à Amsterdam en 1763 avant d’être acquise par l’administration de Louis XVI en 1785 afin d’enrichir les collections royales dans le cadre de la préparation de l’ouverture au public du Louvre.
Emplacement
Salle du Jeu de PaumeNuméro d'inventaire
2012.19.47
Date
Vers 1565
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Iconographie religieuse