Après que son morceau de réception comme peintre d’histoire, L’Empereur Sévère reproche à Caracalla son fils d’avoir voulu l’assassiner (1769, musée du Louvre), a été refusé par l’Académie, Greuze, mortifié, choisit d’ignorer celle-ci en recherchant le seul suffrage du public. En même temps, il ajoute à ses scènes de genre encore plus de grandeur et de noblesse dans la composition ainsi que dans l’expression de sentiments portés par la morale élevée des personnages. Diderot disait de Greuze, qu’il admirait, qu’il était « le premier parmi nous qui se soit avisé de donner des moeurs à l’art ». Le Gâteau des rois de 1774 appartient à cette veine. La famille de paysans aisés qui célèbre l’Épiphanie en partageant le gâteau est une image qui se veut exemplaire de l’harmonie familiale et de sa dignité ; une gravure contemporaine de notre tableau porte une inscription qui oppose ce comportement vertueux à la gabegie régnant dans une famille riche dévoyée. Greuze excelle dans la narration des relations entre les personnages et la description des expressions qu’il saisit dans leur ambiguïté sans les caricaturer. La jeune et jolie mère attendrie et toute la fratrie montrent des expressions variées à plaisir. Penaude, la fillette, à droite, a dû commettre quelque bévue, renverser le panier de pommes qui est à gauche, par exemple. L’autorité tutélaire du père s’impose néanmoins sans drame, telle une évidence. Il y a quelque gravité autour de lui comme si la cérémonie avait une portée plus générale : le partage équitable et l’acceptation de l’intervention de la Providence qui réservera la fève à l’un des membres de la famille. L’exécution vivante des chairs, le raffinement des demi-teintes, les modulations du clair-obscur qui anime la composition en frise témoignent du métier brillant et sûr de Greuze.
Emplacement
- 20 - Salle GreuzeNuméro d'inventaire
836.4.27
Date
1774
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Histoire Scène de genreThème
- Alimentation
- Enfance, enfant
- Vie quotidienne