Le Martyre de sainte Cécile

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Le Martyre de sainte Cécile
ANONYME

Lors de l’ouverture du musée en 1828, le livret de visite présentait le nombre fabuleux de quinze peintures de Nicolas Poussin (1594-1665) conservées dans la collection, avec ce Martyre de sainte Cécile en tête. Ce chiffre s’est érodé et seules deux toiles sont aujourd’hui tenues pour authentiques, tandis que cette composition, tout en demeurant dans un intrigant anonymat, garde son statut d’oeuvre de premier plan. Aristocrate romaine du début du iiie siècle, sainte Cécile est condamnée par le préfet Almaque à avoir la tête tranchée. Son bourreau la frappe par trois fois, sans parvenir à la tuer, si bien que la sainte agonise durant trois jours. Recevant la bénédiction du pape Urbain Ier, elle lui confie tous ses biens pour les donner aux pauvres. Son corps est inhumé dans la catacombe de Saint-Calixte, avant d’être retrouvé en 821 et transféré dans le Trastevere, où une église lui est dédiée. En 1599, la redécouverte de son corps lors de travaux dans l’église suscite une immense dévotion et un regain d’intérêt pour les premiers siècles du christianisme. C’est dans ce contexte qu’a été peint notre tableau. La sainte y est représentée agonisante, entourée de fidèles, tandis que le pape vient lui donner les derniers sacrements, accompagné par l’apparition miraculeuse d’un ange apportant une couronne de fleurs et la palme du martyre. Les multiples influences esthétiques qui traversent l’oeuvre expliquent la difficulté à définir son auteur. La construction très rationnelle de l'espace, structuré par les pilastres et le dallage au sol, soutient l’attribution initiale à Nicolas Poussin, mais rapproche aussi le tableau du cercle classicisant des Carrache, et plus précisément de Dominiquin qui illustra le même sujet dans ses fresques de l’église Saint- Louis-des-Français à Rome (1612-1615). L’auteur de notre toile est un peintre savant, en témoignent le décor architectural, inspiré de découvertes archéologiques, la figure au fond à droite, qui reprend la pose d’une statue d’orateur antique, celle au fond à gauche d’un sénateur romain, ou encore l’ange, qui cite le génie du Jugement de Pâris, gravé par Marcantonio Raimondi d’après Raphaël. Le clair-obscur très prononcé révèle un intérêt pour la peinture caravagesque, et singulièrement pour celle de son émule Carlo Saraceni (1579-1620), tandis que certains personnages, notamment l’homme de dos à gauche à la pose élégante et à la musculature saillante, ou la femme à droite en raccourci, sont peints d’un vert subtil et dotés d’une grâce qui indiquent des souvenirs du maniérisme. Les traits du pape reprennent ceux de Grégoire XV Ludovisi, installé sur le trône pontifical de 1621 à 1623, et incitent à dater de cette période l’exécution de la toile, dans l’attente de découvrir son auteur

Emplacement

- 11 - Galerie des Griffons

Numéro d'inventaire

825.1.166

Date

Vers 1620

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 136.00 cm x H. 99.50 cm x E. 3.00
avec cadre : L. 158.00 cm x H. 122.00 cm x E. 11.50 cm

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Histoire

Thème

  • Iconographie religieuse