Ce portrait, qui a rejoint les collections en 2020 grâce au don de la Fondation d’entreprise du musée, constitue un enrichissement majeur pour le fonds consacré à la fin du XIXe siècle : jusqu’à une date récente, on ignorait tout de ce portrait de grandes dimensions exposé à Paris à la galerie Charpentier en 1938 et qui est aujourd’hui clairement identifié comme étant le portrait du peintre René Andreau. Né à Moulins et mort à Semur-en-Auxois, Andreau semble occuper une place non négligeable dans le monde artistique parisien puisque Paul Verlaine lui dédicace en 1895 un exemplaire de ses Confessions et, lors de son mariage, en 1907, il a pour témoins Charles Léandre, Léon Lhermitte et Pierre Carrier- Belleuse. Monfreid, qui approche de la quarantaine, a dû croiser le jeune homme de vingt-cinq ans dans des cercles communs et la dédicace suggère une relation de proximité entre les deux hommes. Monfreid se plaît à représenter ses amis proches en les faisant poser dans le cadre intime de l’atelier dans une attitude familière et complice. Deux ans plus tôt, il s’était livré à cet exercice pour le Portrait d’Amédée Calmel (1893, Quimper, musée des Beaux-Arts). Dentiste et amateur d’art biterrois, ami de Gustave Fayet, Calmel est saisi dans une attitude rêveuse devant un tapis d’Orient accroché au mur. Dans Le Peintre René Andreau, on retrouve ces mêmes éléments de décor (divan, tapis), mais avec une tout autre ampleur. Andreau est nonchalamment accoudé à un coussin et tient de la main droite une cigarette. La mise est soignée, élégante (gilet, lavallière), l’expression, indécise, comme absente, avec le regard oblique et les lèvres charnues entrouvertes. L’aplat de couleur bleu nuit du tapis souligne la pâleur du visage qui surnage tel un masque au milieu de la surabondance du décor. À l’extrême droite, comme enfouis sous les coussins, on distingue la palette et les pinceaux, attributs du peintre. Mélange de synthétisme et d’observation naturaliste, l’art de Monfreid est dans ce portrait d’Andreau à son maximum d’efficacité. L’exubérance de la palette colorée, la touche vibrante, le grand sens du « décoratif » inscrivent l’oeuvre dans la continuité directe du chef-d’oeuvre de Bazille, La Toilette, réalisée vingt-cinq ans plus tôt
Emplacement
- 40 - Salle CastelnauNuméro d'inventaire
2020.19.1
Date
1895
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- Costumes
- L'artiste
- Les couleurs