Germaine Richier, installée dès son plus jeune âge avec sa famille à Castelnau-le-Lez, aux portes de Montpellier, se forme à la sculpture à l’école des beaux-arts sise dans le bâtiment réunissant le musée Fabre et la bibliothèque. Les registres de l’école la signalent inscrite en « dessin d’imitation » en 1920, à « tous les cours » en 1923, et enfin en « histoire de l’art, décoration, sculpture » en 1925. Elle est l’élève du sculpteur montpelliérain Louis Guigues, qui lui enseigne la technique de la taille directe, sous l’influence d’Auguste Rodin dont il a été le praticien. Richier clôt sa scolarité en 1926 avec Jeunesse, qui lui vaut un premier prix, et poursuit son apprentissage à Paris, où elle est l’élève d’Antoine Bourdelle. Dans son atelier particulier, elle succède à Alberto Giacometti et découvre l’art du modelage d’après le modèle vivant, qui donne une inflexion décisive à son art. Installée dans son propre atelier en 1929, elle travaille à partir de cette date en toute indépendance et accueille à son tour des élèves, tel César Baldaccini, dit César. Si sa carrière se fait à Paris et en Suisse (elle épouse Otto Bänninger, sculpteur zurichois rencontré chez Bourdelle), elle effectue tout au long de sa vie de fréquents séjours à Castelnau-le-Lez puis, après la destruction de la propriété familiale par une crue, à Mudaison et aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Loretto I est l’une des plus importantes oeuvres de l’artiste dans ces années de jeunesse. Richier occupe depuis 1933 son nouvel atelier, rue de Châtillon, qu’elle conservera jusqu’à sa mort ; une photographie d’époque nous montre l’espace de l’atelier et le Loretto dans son état d’avant la fonte, entièrement modelé en terre. L’oeuvre est montrée pour la première fois au Jeu de Paume en 1934, lors de l’exposition « Les Femmes artistes en Europe ». Richier prépare alors sa première exposition personnelle, en 1936, à la galerie Max Kaganovitch à Paris, et multiplie les études d’après nature, les bustes et les nus. Cette période, dite « réaliste » par opposition au reste de son oeuvre, témoigne d’un métier parfaitement maîtrisé, et appartient pleinement à la statuaire de l’entre-deux-guerres. Pourtant, cette partie de l’oeuvre fait déjà entendre une note discordante, qui deviendra, avec les années, stridente. Ici, la grâce de l’adolescent, toute classique comme la beauté de La Régodias de 1938, se trouve immédiatement contredite par le crâne chauve, le torse maigre, presque rachitique, et l’ancrage ferme des pieds dans le sol. Les disproportions du corps, criantes, sont au service d’une force expressionniste qui transcende le modèle classique. L’aplomb rigoureux de la pose désavoue l’harmonie du contrapposto. Avec Loretto I, Richier met au point un vocabulaire qui lui est propre, et se livre à une première exploration des possibilités expressives du corps humain, territoire dans lequel se développera tout son oeuvre, des Escrimeuses réalisées à Zurich en 1943 aux sculptures à fil, telle L’Araignée de 1946, en passant par les êtres hybrides, comme La Chauve-Souris datant de la même année
Emplacement
- 45 - Salle RichierNuméro d'inventaire
D38.1.1
Date
1934
Type d'oeuvre
SculptureDimensions
Materiaux
patine
Thème
- Animaux