Michel Anguier est l’un des principaux représentants de la sculpture française du règne de Louis XIV. Il débute sa formation à Paris avec son frère François, avant de se rendre à Rome en 1641 où il découvre les oeuvres de Bernin (1598-1680), mais surtout les grands modèles de la sculpture antique, qu’il copie. De retour en France, il reçoit de multiples commandes de grande importance pour Henri de Montmorency (monument funéraire, 1651, Moulins, chapelle de la Visitation), pour la reine Anne d’Autriche (appartements d’été, Louvre), pour Nicolas Fouquet, surintendant des finances (décors du château de Vaux-le-Vicomte ; Jupiter foudroyant, collection particulière ; Minerve, domaine de Sceaux ; Junon, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts), pour l’église parisienne du Val-de- Grâce (La Nativité, 1663-1667, aujourd’hui à Paris, église Saint-Roch), jusqu’à réaliser tout le décor sculpté de la porte Saint-Denis. Plus classicisant et plus intellectuel que celui de François Girardon (1628-1715) ou d’Antoine Coysevox (1640-1720), l’art d’Anguier se caractérise par un dialogue permanent avec la sculpture antique, mais également par une recherche approfondie sur l’expressivité, dont il cherche à tirer le meilleur parti selon le tempérament de ses figures, comme il l’expose dans ses conférences prononcées à l’Académie royale de peinture et de sculpture. En 1652, Anguier façonne les modèles en terre cuite de sept dieux de l’Olympe, offrant à chacun un caractère bien particulier : Jupiter foudroyant, Junon jalouse, Neptune agité, Amphitrite tranquille, Pluton mélancolique, Cérès éplorée, et Mars quittant ses armes. Ces terres cuites, dont la plupart ont disparu, ont servi après la mort du sculpteur à l’édition de bronzes à la cire perdue. Colbert de Seignelay (1651- 1690), fils de Jean-Baptiste Colbert et secrétaire d’État à la Marine, en commanda notamment six en 1689, tandis que le jardinier Le Nôtre en offrit quatre au roi Louis XIV en 1693. Le Jupiter et le Mars du musée Fabre ont sans doute été fondus à cette période ou peu après. Le Jupiter foudroyant illustre le caractère tempéré et s’inspire du Jupiter Giustiniani qu’Anguier avait pu admirer à Rome. Sa puissante musculature, les plis amples et réguliers du drapé, sa barbe abondante rappelant les têtes de Sérapis antiques contribuent à donner grandeur et majesté au dieu des dieux. Dans une attitude frontale, Jupiter présente le foudre, symbole de son pouvoir. Mars, quant à lui, jetant son manteau, son épée, son casque et son bouclier, cède à son désir érotique, et incarne le tempérament sanguin. À l’opposé de Jupiter, son expression est colérique, tandis que ses gestes initient un mouvement de torsion dynamique, bien adapté à la fureur du dieu de la Guerre. Les deux terrasses hexagonales de ces sculptures indiquent une légère pente vers l’avant qui suggère que ces bronzes ont été conçus pour être vus à hauteur d’oeil, posés sur un riche cabinet par exemple.
Emplacement
- 16 - Salle BourdonNuméro d'inventaire
836.4.88
Date
Vers 1700
Type d'oeuvre
SculptureDimensions
Genre
HistoireThème
- Mythologie