Neptune

Attribué par erreur au début du xxe siècle au sculpteur néoclassique Lorenzo Bartolini, ce Neptune a pu retrouver en 2011 son véritable auteur : le sculpteur florentin de la Renaissance Baccio Bandinelli. L’ancienneté et la rareté de cette oeuvre – les sculptures modelées en cire au xvie siècle étant particulièrement peu nombreuses à avoir été conservées – n’étaient cependant pas ignorées de son donateur, François-Xavier Fabre, qui l’attribuait à Bartolomeo Ammannati (1511-1592), autre artiste florentin célèbre pour avoir sculpté le grand Neptune de la place de la Seigneurie dans la capitale toscane. De fait, la cire du musée Fabre est bel et bien le modello initial de ce projet, qui avait été confié en 1558 à Baccio Bandinelli par le grand-duc de Florence Côme Ier (1519-1574). Ce dernier, qui développait alors le port de Livourne, souhaitait ainsi démontrer ses ambitions maritimes en plaçant le dieu des Eaux au coeur de Florence. Se présentant sous l’apparence d’un homme barbu au corps massif, il est identifiable grâce au bâton de commandement qu’il tient dans la main droite et au poisson dans la main gauche. La musculature outrée, le contrapposto très prononcé et la dynamique induite par la tête tournée du dieu sont caractéristiques du maniérisme florentin, en particulier des sculptures de Bandinelli qui avait déjà exécuté le groupe d’Hercule et Cacus placé devant le Palazzo Vecchio. La pose de l’Hercule et celle du Neptune sont d’ailleurs très proches, mais Bandinelli, mort en 1560, n’aura pas le temps d’exécuter cette dernière sculpture. C’est donc à Ammannati qu’incombera la tâche de tailler ce colosse de marbre surnommé Il Biancone, achevé en 1565 et culminant à plus de cinq mètres de haut. Des bronzes seront fondus par la suite d’après la cire de Montpellier, aujourd’hui conservés à Rome (Galleria Colonna) et à Washington (National Gallery of Art).