Après une première formation à l’École des beauxarts de Genève, sa ville natale, James Pradier, remarqué par Vivan Denon (1747-1825), reçoit une bourse impériale qui lui permet de suivre l’enseignement du sculpteur Lemot (1771-1827) à l’École des beaux-arts de Paris. Le prix de Rome, remporté en 1813, lui ouvre les portes de la villa Médicis, où il exécute une Bacchante (1819, Rouen, musée des Beaux-Arts) et un Niobide blessé (1822, musée du Louvre) déjà caractéristiques d’une oeuvre partagée entre le culte de l’antique et celui du corps féminin. Revenu à Paris en 1819, Pradier entame une carrière essentiellement française qui marque le patrimoine monumental national : les Renommées de l’Arc de triomphe, les statues représentant les villes de Lille et de Strasbourg sur la place de la Concorde, des Victoires pour le tombeau de Napoléon Ier aux Invalides, la fontaine de l’esplanade à Nîmes. Cependant, la renommée de Pradier tient moins à ces commandes officielles qu’à ses figures féminines, qu’il sait doter d’une sensualité toute particulière. Pradier va explorer tous les thèmes possibles permettant d’exalter le corps féminin : aux côtés des Vénus, bacchantes, chasseresses et autres baigneuses se déploie une galerie d’héroïnes puisées dans la littérature et la mythologie, Cyparisse, Cassandre, Phryné, Chloris, Pandore, Psyché, Médée, Atalante, Sapho et Nyssia. Ces héroïnes, tirées d’anecdotes parfois peu connues, ont en commun un habit fort léger, une grâce sensuelle, des poses souvent provocantes, à la limite de l’érotisme, qui valent au sculpteur quelques commentaires indignés et vertueux au Salon, en particulier en 1834 avec le groupe Satyre et Bacchante (musée du Louvre). On doit à Théophile Gautier (1811-1872) d’avoir remis à la mode l’histoire de Candaule – tyran de la cité de Sardes en Lydie – et de son épouse, Nyssia, fille du satrape Mégabaze. Enivré par la beauté de la jeune femme, le roi ne supporte plus de la conserver au secret du gynécée. Il permet à son favori, l’ambitieux Gygès, de s’introduire dans ses appartements et d’assister en secret à son coucher : « Elle jeta à son tour la tunique, et le blanc poème de son corps divin apparut tout à coup dans sa splendeur, tel que la statue d’une déesse qu’on débarrasse de ses toiles le jour de l’inauguration d’un temple. […] D’ailleurs il est des choses qui ne peuvent s’écrire qu’en marbre. » Signe du soin avec lequel Pradier a travaillé, le matériau, un marbre pentélique (de Pentélé, montagne de l’Attique qui fournissait un marbre blanc réputé), fut récupéré à grands frais sur un sarcophage grec. Gautier devait s’enorgueillir d’avoir stimulé la créativité du sculpteur et de la fidélité avec laquelle il suivit le texte. Avec malice, Pradier nous place dans la position de Candaule, qui ne se lassait pas du spectacle de la nudité de Nyssia, et laisse planer sur le spectateur la vengeance de la reine, qui n’hésita pas à faire assassiner son époux par Gygès, devenu éperdument jaloux, afin de venger sa pudeur outragée
Emplacement
- 33 - Ingres et l'ecole des Beaux ArtsNuméro d'inventaire
2012.19.110
Date
1848
Type d'oeuvre
SculptureDimensions
Materiaux
polychromie
Genre
HistoireThème
- Femme, féminin, féminité
- Le corps
- Mythologie