Fils aîné d’une fratrie de huit enfants, Jean-François Millet voit le jour dans une famille paysanne d’existence modeste mais qui, en parallèle aux travaux de la terre, se préoccupe de son instruction et soutient sa vocation. Entré en 1837 dans l’atelier du peintre académique Paul Delaroche (1797-1856) grâce à une bourse de la municipalité de Cherbourg, Millet échoue au concours du prix de Rome deux ans plus tard. Sa carrière officielle compromise, il subsiste pendant une dizaine d’années grâce à la peinture de scènes galantes, ainsi que de nus et de portraits. Le tableau du musée Fabre appartient à ce registre d’une peinture légère, propre au xviiie siècle de Boucher et de Fragonard, et qui revient au goût du jour dans la première moitié du xixe siècle après le sévère intermède néoclassique. De nombreux peintres cultivent alors cette veine qui leur assure un succès commercial auprès des amateurs. Figure truculente de la mythologie grecque, Pan est une divinité qui hante les forêts, les cavernes et les sommets, protégeant les troupeaux des bergers d’Arcadie. D’apparence grotesque, il porte des cornes, un nez crochu, une queue, des pieds et des jambes de bouc qui traduisent sa nature mibestiale, mi-humaine et évoquent une sexualité exubérante. À la fois redouté et respecté, il faisait dans l’Antiquité l’objet d’un culte agreste et son effigie était placée dans les lieux qui lui étaient consacrés. Il apparaît ici sous forme de « terme », borne de pierre dont la partie supérieure est sculptée en buste. Trois jeunes femmes viennent déposer des offrandes contenues dans de petits vases de type grec. La plus audacieuse orne la statue d’une guirlande de feuilles et de fleurs pendant que ses compagnes semblent se tenir à distance. La chevelure défaite, les épaules et la poitrine dénudées, elle semble rendre davantage hommage à la sensualité débridée du dieu qu’à sa fonction pastorale. Cette Offrande à Pan apparaît comme une célébration des plaisirs de la chair, encore plus explicite dans l’autre titre du tableau, Offrande à Priape, qui renvoie au dieu romain de la virilité. Alliant délicatesse et rudesse d’exécution, l’oeuvre témoigne de la maîtrise de Millet dans l’art du coloris et du clair-obscur, mis au service d’une tradition poétique élégiaque qui parcourt la civilisation européenne depuis la plus haute Antiquité. Quelques années plus tard, la révolution de 1848 imprime une nouvelle orientation à la peinture de Millet. L’absence de jury au Salon lui permet de présenter Le Vanneur (Paris, musée d’Orsay), qui marque symboliquement le retour à ses origines laborieuses. Il se consacre désormais à peindre la vie simple des paysans, avec une fidélité empreinte d’un humanisme qu’il reprend à Virgile, à La Fontaine, ou tire de la Bible. Millet se défendra toujours de tout propos politique, mais cette confusion, entretenue pendant toute sa carrière, retarde la reconnaissance de son talent.
Emplacement
- 29 - RomantismeNuméro d'inventaire
868.1.65
Date
Vers 1845
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Allégories et symboles
- Mythologie