Fils d’un pâtissier d’origine parisienne établi à Rome, Dughet entre, âgé d’une quinzaine d’années, dans l’atelier de son beau-frère, Nicolas Poussin (1594-1665), qui le prend en affection et l’initie à l’art du paysage. Ce chef-d’oeuvre de la jeunesse de Dughet fut conçu à l’origine sans figures, comme il arrive parfois dans certains tableaux connus de l’artiste. Par la suite, au xviiie siècle, le possesseur de l’oeuvre, le peintre Louis Michel Van Loo, ajouta l’épisode du Bon Samaritain, contribuant ainsi à hisser cette grandiose scénographie naturelle au rang de peinture d’histoire. Le tableau, que l’on peut situer vers 1638, frappe par son puissant naturalisme largement inspiré par les Vénitiens ou les Nordiques comme Paul Bril (vers 1554-1626) et Herman van Swanevelt (vers 1603-1655) – relief accidenté, chemin en zigzag, multiplication des points de vue, réalisme de certains détails, telle l’écorce sur l’arbre mort au centre –, et aussi par son souffle romantique – coup de bourrasque dans les frondaisons sonores, palpitation de l’atmosphère, ombres denses – visant à faire partager au spectateur la vive émotion ressentie devant le spectacle de la nature déchaînée. Comme tous les plus grands rénovateurs du paysage à l’époque, Dughet a étudié de près la nature dans les environs de Rome, à l’occasion de parties de pêche et de chasse, qu’il pratiquait avec passion depuis sa jeunesse. L’un des premiers grands paysages « romantiques » du xviie siècle, notre tableau anticipe d’une dizaine d’années les recherches plus intellectuelles et rationnelles de Poussin autour des cataclysmes naturels. On comprend devant un tel tableau la renommée, durant tout le xviiie siècle, de Dughet, peintre de tempêtes, de bourrasques et de coups de vent.
Emplacement
- 11 - Galerie des GriffonsNuméro d'inventaire
95.1.1
Date
Vers 1638
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Histoire PaysageThème
- Iconographie religieuse
- Nature