Dernier enfant d’un négociant marseillais, Paul Guigou passe en 1851 un baccalauréat es lettres et entre dans une étude notariale à Apt. Petit à petit s’affirme pourtant chez lui la passion de la peinture : il suit les cours de dessin au collège d’Apt et expose pour la première fois en 1854 à la Société artistique des Bouches-du-Rhône. Établi à Marseille en 1857, Guigou peint sur le motif, en compagnie d’Adolphe Monticelli (1824-1886), fréquente le docteur Gachet et reçoit les conseils d’Émile Loubon (1809-1863). Il renonce définitivement à la carrière notariale en 1861 et s’installe à Paris où le critique Théodore Duret l’introduit auprès du groupe pré-impressionniste au café Guerbois. Même si rien ne vient avérer leur rencontre, il est probable qu’il ait eu des contacts avec son compatriote Paul Cézanne, un autre Méridional exilé à Paris, de cinq ans son cadet. Partageant son temps entre le Midi et la région parisienne, Guigou peint aussi bien à Barbizon dans la forêt de Chailly que sur les bords de la Durance, à Martigues, dans la plaine de la Crau, autour de l’étang de Berre et bien sûr dans la rade de Marseille. Admis chaque année au Salon, il expose également en province, et décède en 1871 sans avoir jamais bénéficié de son vivant d’un achat de l’État ou d’un quelconque musée. Paul Guigou fait partie de la deuxième génération de ces peintres, qui, à la suite d’Émile Loubon, apportent au paysage méridional une nouvelle dimension. Là où ses prédécesseurs ont joué des détails pittoresques du folklore, avec force bergers et troupeaux de chèvres, Paul Guigou se consacre à cette terre aveuglante et sèche, à peine humanisée. Il n’hésite pas à peindre les sites les plus anodins, les terrains vagues, le lit blanchi de la Durance, la terre plate et caillouteuse de la Crau. Trois rochers et une branche à la dérive, un bout de canal, une mare étale, un bouquet de pins au bord d’un chemin vide sont pour Paul Guigou des sujets de tableaux. Il peint comme ici des petits formats sur bois, pratiques à réaliser en extérieur, dans une pâte riche qui semble piéger la lumière. Il excelle à restituer une perspective lointaine par d’infimes ruptures de ligne, multipliant les transitions qui conduisent le regard de la proximité la plus immédiate vers des horizons repoussés au plus lointain. Dans Paysage provençal, les personnages, posés par petits groupes sur trois plans différents, accompagnent le spectateur des rives de l’Arc, près des Milles, jusqu’à la montagne Sainte-Victoire, en empruntant le pont massif, peint comme une roche, et le mince sentier qui file entre trois arbres singuliers et grêles. On reste confondu par cette habileté à varier les échelles, à marier les proches et les lointains, au sein d’une unité totale. Guigou installe le calme et le silence dans sa peinture avec la symétrie parfaite des reflets qui vient boucler sur lui-même le motif principal au coeur de la composition
Emplacement
- 37 - Salle CourbetNuméro d'inventaire
08.2.1
Date
1869
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PaysageThème
- Nature