Peinture 146 x 97 cm, 10 janvier 1951

De retour à Paris en 1946 après un bref séjour dans la capitale en 1939, Pierre Soulages s’installe avec son épouse à Courbevoie, puis, fin 1947, dans un appartement comprenant un atelier au 11 bis de la rue Schoelcher, dans le XIVe arrondissement. C’est là que fut réalisée Peinture 146 × 97 cm, 10 janvier 1951, la plus ancienne oeuvre de Pierre Soulages dans les collections du musée Fabre. Celle-ci fut d’abord acquise en 1952 par Alfred Barr, célèbre directeur et fondateur du Museum of Modern Art à New York, grâce à l’intermédiaire du galeriste parisien Louis Carré. L’historien de l’art américain avait été frappé par ce tableau lors de sa présentation au sein de la XXVIe biennale de Venise qui s’était tenue la même année, après qu’il eut été montré lors de la première exposition collective de l’artiste à la galerie de France à Paris, en 1951. Cette oeuvre témoigne des recherches de Pierre Soulages, dès cette époque, sur les effets du clair-obscur, qu’il expérimente au travers de fortes variations de couleurs. Les aplats en bandes verticales bleues et blanches, au centre, contrastent avec les fortes et longues diagonales noires qui forment un réseau noueux dans la partie supérieure de la toile et provoquent, comme le souligne Pierre Encrevé (1939-2019), « la circulation du regard ». L’accord entre le noir et le bleu revient à de nombreuses reprises dans les toiles de Soulages (Peinture 162 × 114 cm, 28 décembre 1959 ; Peinture 55 × 46 cm, 8 janvier 1960 ; Peinture 130 × 349 cm, 16 août 1971, musée Fabre), qui indiquait à Encrevé en 1996 : « Le rapprochement d’un noir et d’un bleu a toujours quelque chose d’assez sensuel, on s’y livre avec une certaine volupté. » Restituée à Pierre Soulages trente-deux ans plus tard par le prestigieux musée américain, qui souhaitait acquérir en échange un grand brou de noix sur toile de 1948, la peinture fut donnée par le peintre au musée Fabre en 2005.