Peinture 324 x 362 cm, 1986

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illustration artwork
Peinture 324 x 362 cm, 1986
SOULAGES Pierre
(Rodez, 1919 - Nîmes, 2022)

Faussement perçu comme le peintre d’une seule couleur, Pierre Soulages s’est toujours tenu à distance du monochrome, ce monument de l’histoire de l’art moderne depuis Kazimir Malevitch. Si le noir est en effet sa couleur de prédilection, elle est utilisée pour sa puissance de contraste, qui fait jaillir une lumière aussi vive qu’elle est parcimonieusement distribuée. Ce jour où « le noir avait tout envahi », cette lumière avait disparu. Il faudrait ici relater une autre expérience de Pierre Soulages, faite lorsqu’il découvrait l’eau-forte. Contrairement à toutes les règles en vigueur, il fit si bien que l’acide finit par trouer complètement la plaque de métal. Il en tira une série de gravures où, par la trouée de l’acide, réapparaît la lumière. Lors de cette « nuit de janvier », jolie formule que Pierre Encrevé emprunte à Louis Aragon, Pierre Soulages est en quelque sorte passé au travers du noir pour retrouver cette lumière. Il a logiquement donné à cette nouvelle matière le nom d’« outrenoir ». Désormais, le travail ne consiste plus à utiliser le noir pour lui-même, mais à s’en servir pour capturer une lumière qui sera mère de nouvelles couleurs. « Les ombres et les reflets mêlés qui s’accrochent aux multiples sillons creusés dans la pâte colorée par la brosse créent une lumière qui a une qualité propre et une couleur particulière, différente de celle du pigment et changeante. Par opposition, les surfaces écrasées, lissées en quelque sorte par la lame, apportent une couleur et une lumière différentes. C’est la texture de la surface et la manière dont la lumière s’y décompose qui créent la couleur. » L’outrenoir est en quelque sorte le pendant obscur des vitraux de Conques – auxquels l’artiste travaille dès 1987 – pour sa capacité à diffracter la lumière selon de nouvelles longueurs d’ondes. Le Polyptyque F, souvent exposé dans les rétrospectives du peintre, témoigne de ce travail de façon exemplaire. Il souligne l’importance décisive du format dans cette nouvelle peinture, qui ne se satisfait pas de surfaces médiocres. La solution du polyptyque, préférée à la toile unique, vaut pour les interruptions qu’elle impose. Car ce sont désormais les ruptures, les variations de la lumière que le spectateur est invité à découvrir, à inventer même selon son déplacement, et à inscrire dans le temps d’une perception où rien n’est figé

Emplacement

- 47 - Collection Soulages

Numéro d'inventaire

2005.12.15

Date

1986

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 362.00 cm x H. 324.00 cm x E. 4.00
avec cadre : L. 363.50 x H. 326.50 cm x E. 5.50

Materiaux

peinture à l'huile

Thème

  • Abstraction
  • Lumière