Portrait d'Anne Melon (1685 - 1727)

Représenté jusqu’en 2017 par un sobre Portrait de parlementaire et par la splendide peinture mythologique Vertumne et Pomone, l’art du Montpelliérain Jean Ranc, dont la carrière fut essentiellement dédiée au portrait, est désormais bien illustré par les deux effigies du couple Bonnier. Après une première formation dans l’atelier montpelliérain de son père Antoine Ranc (1634-1716), Jean gagne Paris et travaille auprès de Hyacinthe Rigaud (1659-1743). Cette collaboration initie Ranc au langage plein de pompe et d’élégance du Catalan, inspiré du modèle du Flamand Van Dyck (1599-1641), et qui fait alors fureur à Paris. Cette double commande de 1702 est un élément fondateur d’une carrière indépendante débutée en 1700. Également Montpelliérain, Joseph Bonnier mène une fulgurante carrière de financier qui fera de lui la septième richesse du royaume. Capitoul de Toulouse en 1707, il achète la baronnie de la Mosson en 1710 aux abords de Montpellier et devient trésorier de la bourse des États du Languedoc l’année suivante. Il lance en 1723 le chantier de l’immense château de la Mosson, aujourd’hui presque entièrement détruit. C’est sans doute à l’occasion de leur mariage en 1702 que Joseph Bonnier et Anne Melon se font portraiturer à Paris par leur compatriote. Dans le portrait de Bonnier, Ranc allie magistralement la décontraction, avec la chemise ouverte, à l’emphase majestueuse suscitée par la grande draperie bleue aux multiples moirures et par le vaste décor d’architecture. Anne Melon, quant à elle, est vêtue d’une superbe robe d’un rose corail sophistiqué qui s’accompagne également d’une grande draperie bleue. Telle une Flore, elle montre un oeillet, symbole de l’amour constant. Au second plan, la statue de Cérès suggère sa fécondité future. L’effigie de Bonnier sera présentée à Paris au Salon de 1704, avant d’être installée avec celle de son épouse dans son château de la Mosson à Montpellier.