Antonin Proust est un personnage clef de la vie artistique sous la IIIe République. Né à Niort en 1832, il accomplit des études de philosophie, suivies d’un voyage en Grèce dont il tire un livre, Un philosophe en voyage, publié en 1864 sous le pseudonyme d’Antonin Barthélémy. Sa carrière politique se forge dans l’opposition à l’Empire et au sein de la presse : il collabore à plusieurs journaux et fonde en 1864 La Semaine universelle. Il fait campagne contre le plébiscite, est condamné pour ses écrits, et se présente sans succès aux élections législatives en 1869. Correspondant pour Le Temps lors de la guerre de 1870, il devient le secrétaire de Léon Gambetta, qui sera désormais son protecteur en politique. Il est élu en 1876 député des Deux-Sèvres, mandat qu’il conserve jusqu’en 1893, président du conseil général de 1877 à 1881, maire de Niort en 1881. À côté de cette carrière politique, ce père fondateur de la IIIe République est un fervent ami des arts ; il est l’auteur des illustrations de sa relation de voyages en Grèce pour le magazine Le Tour du monde et continuera à peindre toute sa vie. Admis dans l’atelier de Thomas Couture en 1850, il y retrouve son condisciple de collège, Édouard Manet. Leur amitié se fortifie pendant trois années passées à combattre les doctrines académiques, à fréquenter la bohème de Charles Baudelaire, d’Henry Mürger, d’Alexandre Dumas fils, à suivre les conseils d’Eugène Delacroix, et à faire enrager Couture. Lorsque Gambetta forme son « grand ministère » en novembre 1881, il appelle logiquement Antonin Proust, rapporteur du budget des Beaux-Arts depuis 1879, et crée pour lui le premier ministère des Beaux-Arts. Connaissant la fragilité de ce gouvernement, qui, face à l’hostilité de la Chambre, tombe trois mois plus tard, Antonin Proust agit avec rapidité pour marquer son bref ministère de mesures importantes : il crée l’École du Louvre, le musée de Sculpture comparée, le musée des Arts décoratifs (il commande à Auguste Rodin une porte pour ce musée, qui deviendra La Porte de l’Enfer), réhabilite Gustave Courbet en organisant la première exposition officielle à l’École des beaux-arts, et décore son ami Édouard Manet de la Légion d’honneur. Antonin Proust avait ses habitudes dans l’atelier de Manet, qui a laissé un certain nombre de portraits de son ami, plus ou moins achevés. Plusieurs tentatives furent nécessaires avant le fameux tableau présenté au Salon de 1880 (Toledo Museum of Art), où l’apparition d’un Antonin Proust coiffé d’un chapeau haut-de-forme causa un certain émoi. L’étude du musée Fabre, moins poussée, appartient à un ensemble réalisé vers 1877, et qui compte aussi un portrait à mi-corps, de face, conservé au musée des Beaux-Arts Pouchkine, à Moscou. L’exécution rapide, que dénote le fond à peine brossé, est relevée par de véritables morceaux de bravoure, comme la main gantée, le soulier ciré, le chapeau qui font du tableau final un véritable chef-d’oeuvre. Après une vente douteuse au musée de Cologne pendant la Seconde Guerre mondiale, le tableau fut récupéré par les forces alliées et, en l’absence de propriétaire déclaré, attribué au musée Fabre en 1952 sous le statut provisoire de MNR (Musées nationaux récupération).
Emplacement
- 39 - Salle BazilleNuméro d'inventaire
D52.2.1
Date
1881
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- Costumes