Récemment entré dans les collections du musée, ce portrait inédit constitue un apport précieux au corpus de Fabre portraitiste : tout en poursuivant une carrière de peintre d’histoire, l’artiste s’est forgé un nom dans ce domaine et de nombreux clients de passage en Toscane (tant français qu’étrangers) s’adressent à lui pour obtenir leur effigie. Vers la fin de l’Empire, Fabre fait la connaissance de Charles Sébastien Scitivaux (1775-1844), payeur général en Toscane (1808-1813), et réalise son portrait (vers 1812, non localisé). Fabre, expert en oeuvres d’art et collectionneur lui-même, lui prodigue ses conseils pour rassembler une jolie collection de tableaux (Lippi, Pérugin, Raphaël, Del Sarto…), qui furent acquis en 1821 par le musée royal grâce à l’entremise de Fabre et du comte de Forbin. Scitivaux s’intéresse également à l’art de son temps et sera l’heureux acquéreur, vers 1814, de l’immense Ulysse et Néoptolème. Pour le portrait de Caroline, sans doute exécuté vers 1810 (si l’on en juge par l’âge de la fillette née en 1800), Fabre renoue avec la formule des portraits d’Edgar Clarke ou d’Amalia Oginska (Kaunas, musée des beaux-arts Ciurlionis), présentant les modèles, tout de blanc vêtus, dans un cadre naturel. Mais cette fois, le cadrage est resserré sur le buste, mettant en valeur l’ovale parfait du visage qui se détache nettement sur le bleu du ciel. Fabre consulte les grands maîtres de la Renaissance qu’il admire, en particulier Raphaël (Maddalena Doni, La Fornarina), et se plie à un réalisme méticuleux dans le rendu des détails anatomiques (pupilles, lèvres ourlées, mèches de cheveux) comme des détails vestimentaires (dentelle de la robe, ruban, boucles d’oreilles). L’exécution fine, quasi porcelainée, la netteté des contours, la palette claire donnent à l’effigie une saveur « primitiviste » et étrange qui fait songer au célèbre portrait de Caroline Rivière peint par Ingres en 1805 (musée du Louvre) et largement commenté au Salon de 1806, l’année même où Fabre visite la capitale. La critique avait d’ailleurs reproché à Ingres l’impression « gothique » laissée par son portrait. Vers la même époque où il peignait celui de Caroline Scitivaux, Fabre s’était déjà exercé à représenter avec bonheur l’enfance, ainsi que le montre l’ambitieux portrait de la générale Clarke, duchesse de Feltre, entourée de ses quatre enfants (Paris, musée Marmottan-Monet). En 1820, Caroline Scitivaux épousera Alexandre Pierre Moline de Saint-Yon, ancien officier d’ordonnance de Napoléon, puis pair de France et ministre de la Guerre sous la monarchie de Juillet
Emplacement
- 27 - Salle FabreNuméro d'inventaire
2018.13.1
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- Enfance, enfant