Ces deux magnifiques portraits, absents de la grande rétrospective « François-Xavier Fabre (1766-1837). De Florence à Montpellier » en 2007, ont pu dans la foulée intégrer les collections du musée. C’est à Florence, en 1802, que l’artiste fait la connaissance de Bertin et de son épouse. L’homme, d’abord enthousiasmé par la Révolution, ne cache pas l’indignation que lui causent ses excès. À la tête du Journal des débats, au lendemain du 18 brumaire, il a le tort de déplaire à Bonaparte qui le fait emprisonner puis exiler à l’île d’Elbe. Il obtient de terminer son exil dans la péninsule et regagne Paris en 1805 où il dirige une publication d’opposition, le Journal de l’Empire. Partisan d’une monarchie constitutionnelle à l’anglaise, il sera immortalisé par Ingres en 1832 dans un célèbre portrait aujourd’hui au musée Louvre. Fabre se lie d’amitié avec le patron de presse et entretient avec lui des relations amicales, ponctuées de quelques éclipses. C’est pour lui qu’il exécute en 1808 un important Jugement de Pâris (Richmond, Virginia Museum of Fine Arts). Pour le portrait masculin, Fabre s’en tient à la formule du portrait davidien : cadrage à mi-corps, sobriété du décor, réalisme du visage. L’expression est douce, méditative, à peine voilée de nostalgie avec le visage au teint pâle et la cascade de cheveux gris. Le livre relié nous renseigne sur les préoccupations intellectuelles du modèle et égaye quelque peu cette effigie austère et digne. Tout à l’opposé se situe le portrait de son épouse (soeur du critique d’art aux Débats, Jean-Baptiste Boutard) : faisant face au spectateur, la jeune femme esquisse un demi-sourire et s’apprête à tourner une page de la partition. Les rondeurs délicates des chairs, admirablement mises en valeur par le demi-jour du fond, les arabesques du vêtement qui s’opposent à la géométrie du mobilier, la palette raffinée de blanc et de bleu lilas, les ornements précieux et comme ciselés (camée, flèche d’or) composent un instantané plein de charme et de poésie. Les doigts du modèle égrènent quelques notes à jamais silencieuses. En 2017, le musée a acquis une réduction du portrait masculin, datant de 1804 : avant l’invention de la photographie, il était fréquent que les modèles des portraits commandent des copies destinées à des familiers ou à des amis. L’extrême qualité de celle-ci laisse supposer une destination privilégiée.
Emplacement
- 27 - Salle FabreNuméro d'inventaire
2012.11.2
Date
1802
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- Femme, féminin, féminité