Portrait de Mme Crozat

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Portrait de Mme Crozat
AVED Jacques-André-Joseph

dit Camelot

(Douai, 1702 - Paris, 1766)

Le Portrait de Marguerite Crozat est un jalon dans l’évolution du portrait français. Prenant le contrepied de Hyacinthe Rigaud (1659-1743) et de Jean Marc Nattier (1685-1766), de leur décorum, de leur idéalisation et de leur apparat mythologique, Aved exécute le type même du portrait intime qui s’imposera dans la seconde moitié du siècle. Madame Crozat est une femme riche et puissante : Marguerite Legendre d’Armeny, fille d’un fermier général, capitoul de Toulouse, épouse en 1690 Antoine Crozat (1655-1738), un des financiers les plus riches de France. Trésorier des États du Languedoc, secrétaire du roi, Crozat devient marquis du Châtel en 1714. Son portrait en tenue de trésorier de l’ordre du Saint-Esprit, peint en 1715 par Alexis Simon Belle (1674-1734), a été acquis par le musée Fabre en 2021. Son frère Pierre (1665-1740), lui aussi riche financier au service du roi, est l’un des plus grands collectionneurs du siècle. Devenue veuve, Marguerite Crozat meurt en 1742, un an après l’exécution de ce portrait. La toile du musée Fabre est une réplique de la main d’Aved de l’originale exposée au Salon de 1741 et aujourd'hui en collection particulière. Aved peint sans fard et sans l’idéaliser cette vieille dame dont il nous fait percevoir la force de caractère. Elle a enlevé ses bésicles, interrompant son ouvrage et sa lecture, et tourne son visage vers la lumière. La très raffinée et coûteuse robe, dont un critique du Salon de 1741 s’émerveilla du rendu précis et fascinant, signale sa classe sociale. Elle indique peut-être aussi que Mme Crozat reçoit : son attention a pu être détournée par un de ses visiteurs. Pourtant, le peintre lui donne un regard perdu qui témoigne plus de son introspection que de sa participation à une conversation. Aved, originaire du nord de la France, formé à Amsterdam, collectionneur de peintures nordiques, acclimate le réalisme des portraits hollandais en France. Par ailleurs, la composition s’inspire des petites scènes de genre comme celles de Gerard ter Borch (1617-1681) ou de Johannes Vermeer (1632- 1675). Le panier au premier plan avec ses brins de fils colorés rappelle d’ailleurs celui de La Dentellière de ce dernier (musée du Louvre). Aved agrandit le format de ces modèles du xviie siècle pour créer un nouveau mode de portrait qui réunit intimisme, effet puissant, monumental et justesse psychologique et sociale.

Emplacement

- 18 - Galerie des Colonnes

Numéro d'inventaire

839.2.1

Date

1741

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

avec cadre : L. 139.90 cm x H. 137.50 cm x E. 2.50 cm
sans cadre : L. 140.00 cm x H. 172.50 cm x E. 10.00

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Portrait

Thème

  • Costumes
  • Femme, féminin, féminité
  • Vie quotidienne