Artiste emblématique du xviie siècle italien, Bernin s’imposa pendant près de soixante-dix ans comme le maître de la sculpture et de l’architecture baroques. Grâce à la commande du cardinal Scipion Borghèse (1577-1633) en 1622 de quatre groupes sculptés au nombre desquels il faut compter Apollon et Daphné (Rome, galerie Borghèse), le jeune artiste devient le chef de file de l’art romain, recevant les commandes les plus prestigieuses des papes et des souverains de son temps. Au début de sa carrière le jeune Bernin fréquente les milieux francophiles de Cassiano dal Pozzo (1588-1657), ami de Poussin. C’est sans doute dans ce cercle qu’il se familiarise avec la peinture et avec l’art du portrait en particulier. Filippo Baldinucci mentionne d’ailleurs dans sa biographie (1682) qu’il réalisa près de cent cinquante peintures « pour son plaisir », dans le seul but de se distraire. Il ne reste aujourd’hui de cet ensemble qu’une douzaine de portraits, généralement datés entre 1623 et 1635. L’attribution du tableau du musée Fabre a pu être contestée, de même que l’identification du modèle. On y reconnaît certaines caractéristiques du visage de Bernin, connu par d’autres autoportraits (Rome, galerie Borghèse) – un front dégagé, la forme des sourcils, la moustache, le menton volontaire –, mais son air rêveur et mélancolique diffère de l’expression plus affirmée et énergique des autres toiles. Même sans disposer de certitude quant à la véritable identité du modèle, ce tableau demeure comme l’illustration parfaite des nouvelles tendances qui se font jour dans l’art du portrait autour de 1620-1630. Le peintre privilégie la vérité psychologique de la représentation en plaçant le sujet dans un cadre serré, au plus près du spectateur ; une subtile harmonie de teintes posées avec une grande liberté de touche crée une impression de spontanéité où le modèle semble s’animer dans une attitude où pointe une douce mélancolie. Portant à la fois l’héritage naturaliste du caravagisme et la leçon vénitienne de la touche libre, cette virtuosité affirmée du jeune Bernin se traduira à une autre échelle dans ses nombreux portraits sculptés où il favorise le sentiment de naturel et d’évidente instantanéité de ses modèles (Buste de Carlo Antonio del Pozzo, 1620, Édimbourg, National Gallery, Buste de Scipion Borghèse, 1632, Rome, galerie Borghèse). Mais il convient sans doute de saisir dans cette effigie intime la part la plus personnelle de cet artiste qui incarne à lui seul l’âge baroque en Italie
Emplacement
- 13 - Salle ZurbaranNuméro d'inventaire
879.3.1
Date
Vers 1630
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
Portrait