Cette spectaculaire effigie, l’un des plus beaux témoignages de l’art du portrait au XVIIe siècle européen, représente le prélat Giovanni Bonsi, né à Florence en 1554, qui francisa son nom en Jean de Bonsy quand il devint évêque de Béziers en 1598 (plusieurs membres de sa famille occupèrent cette fonction aux XVIe et XVIIe siècles). Après avoir étudié le droit à Padoue, exercé la profession d’avocat à Rome, il fut nommé sénateur par Francesco de Médicis en 1600. Il prit une part active dans la conclusion du mariage du roi de France Henri IV avec Marie de Médicis qu’il accompagna en France, et dont il devint le premier aumônier. Le pape Paul V le nomma cardinal en 1611 et Louis XIII présida à son investiture à Fontainebleau. En tant que député du clergé du Languedoc, il assista aux États généraux en 1614. Au printemps 1615, Bonsy se fixe définitivement à Rome où il continue d’oeuvrer pour les relations entre la France et la papauté, soutenant aux côtés de ce pays l’élection du pape Grégoire XV Ludovisi en 1621, année de sa disparition. Il est probable que le portrait ait été exécuté dans la Ville éternelle vers 1615, au moment de l’installation du cardinal. L’un des plus brillants héritiers de l’école des Carrache, décorateur et peintre d’histoire talentueux (La Dernière Communion de saint Jérôme, 1614, conservée à la pinacothèque du Vatican, fut durablement louée et admirée), Dominiquin s’intéresse peu à l’art du portrait. D’emblée, il réalise pourtant un coup d’éclat et s’inscrit dans la grande lignée des portraitistes officiels depuis Raphaël (Portrait de Léon X, Florence, musée des Offices) jusqu’à Pulzone et son contemporain Rubens, coup d’éclat renouvelé dans son Portrait du pape Grégoire XV et du cardinal Ludovico Ludovisi (Béziers, musée des Beaux- Arts). Les dessins conservés à Windsor Castle montrent dans une phase précoce une recherche de mouvement et d’animation. La composition sobre et équilibrée, au final, tend à subordonner tous les détails à l’expression du visage qui capte d’abord l’attention du spectateur : regard oblique et pénétrant, pétillant de malice, large front, légère tension des muscles faciaux, esquisse d’un sourire sur les lèvres. La splendeur chromatique, avec les rouges scintillants du bonnet, du camail et de la garniture du fauteuil, le beau vert moiré du rideau, le blanc éclatant du col et du surplis, la ciselure des dentelles, des broderies et de la passementerie enlevée avec un soin virtuose, l’intimité de la pièce formant écrin, l’extraordinaire présence psychologique du modèle confèrent à l’ensemble une autorité toute classique et une qualité de chef-d’oeuvre
Emplacement
- 11 - Galerie des GriffonsNuméro d'inventaire
00.7.2
Date
Vers 1615
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
PortraitThème
- Art et pouvoir
- Costumes