Vien mène une très longue carrière, comblée d’honneurs officiels ; en 1800 encore, il figure en tête de la liste des meilleurs artistes français communiquée à Bonaparte. Au Salon de 1767, Vien expose avec succès un grand tableau, marquant un moment de basculement dans la peinture française qui prend ses distances irrémédiablement avec les grâces du rococo. Commandé par l’abbé Jean-Baptiste Marduel, curé de Saint-Roch à Paris, pour le transept de l’église réaménagé par l’architecte Boullée, le tableau faisait face au Miracle des Ardents de Gabriel François Doyen (1726-1806). Vien met en scène un épisode de la vie de saint Denis (iiie siècle), qu’il montre haranguant la foule afin de la pousser à se convertir. Pour une composition aussi vaste et aussi ambitieuse, Vien réalise ce modello dans le but de permettre à ses clients d’apprécier ses intentions. Le cadre architectural et le nombre de figures sont déjà arrêtés. La composition, aussi claire qu’efficace, se déploie sur deux registres : en haut des marches, à droite, le saint recouvert d’un drapé lumineux, le bras droit levé en direction de la foule ; dans le ciel, la Religion tient la Croix et le calice tandis qu’un ange présente la palme du martyre, allusion aux supplices atroces endurés par le saint sur ordre du préfet romain Domitien. Les gestes sont amples et mesurés, l’architecture d’une sobriété toute classique. Les rouges sonores, les verts, les roses du premier plan s’estompent pour laisser place, dans la partie supérieure, à des tons plus lumineux et délicats. Ce grand style noble et classique renoue avec l’art de Raphaël (1483-1520), de Dominiquin (1581-1641) et surtout de Le Sueur (1616-1655) (La Prédication de saint Paul à Éphèse, may de Notre-Dame de Paris de 1649, musée du Louvre). Diderot loue la sagesse et la correction du tableau de Vien qui tranche en effet par rapport à la grande machine tumultueuse et baroque de Doyen. Il regrette cependant une certaine froideur, un manque de poésie et d’imagination chez l’artiste. Avec le recul du temps, force est de constater combien, à cette date précoce, l’oeuvre de Vien devait apparaître courageuse et nouvelle dans son souci de vérité et de simplicité qui préparait l’émergence du néoclassicisme
Emplacement
- 21 - Salle DavidNuméro d'inventaire
56.7.1
Date
1767
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Iconographie religieuse