Cette composition peinte à Rome par Joseph Marie Vien est un beau témoignage du renouvellement de la peinture dans le foyer romain, au coeur du xviiie siècle, à la veille de l’émergence du néoclassicisme. Né à Montpellier et bien représenté dans les collections du musée, Vien joue en effet un rôle décisif dans la naissance du goût « à la grecque » dans la seconde moitié du siècle. Pourtant, les quelques tableaux peints à Rome de 1744 à 1750 par le pensionnaire du palais Mancini n’expriment pas encore la rigueur qui sera la sienne par la suite, faisant plutôt preuve ici d’un brio séduisant. Après avoir remporté le grand prix de 1743, Vien arrive dans la Ville éternelle l’année suivante. Bien que l’essentiel du cursus des pensionnaires soit centré sur l’étude et la copie de l’antique comme des chefs-d’oeuvre de la Renaissance et du xviie siècle, Vien, encouragé par le directeur de l’Académie de France à Rome, Jean François de Troy (1679-1752), a également l’opportunité de peindre des tableaux pour le marché privé. C’est le cas de cette scène de l’Ancien Testament : Sarah, devenue stérile du fait de son grand âge, présente sa servante Agar à Abraham afin qu’elle lui donne une descendance, conformément à la promesse de l’Éternel. Rejetant les couleurs nacrées et les arabesques de la rocaille, Vien opte pour une composition très lisible, aux personnages solidement campés dans un décor minéral. Les gestes des protagonistes permettent de lire aisément la scène. Si la touche onctueuse évoque les toiles du peintre bolonais du xviie siècle Guerchin, il faut aussi la rapprocher des peintures de deux artistes contemporains alors actifs à Rome et également en rupture avec le style rocaille : Pierre Subleyras et Pompeo Battoni (1708-1787). C’est de ce dernier que Vien s’inspire en offrant à ses personnages ce rose, ce bleu et ce doré éclatants.
Emplacement
- 19 - Salle SubleyrasNuméro d'inventaire
2015.21.1
Date
1749
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Iconographie religieuse