Ulysse sauvé du naufrage par Minerve

Aux côtés de François Boucher (1703-1770), de Charles Joseph Natoire, de Carle Van Loo (1705-1765), de Pierre Subleyras ou de Michel François Dandré-Bardon, Trémolières appartient à la génération des peintres nés autour de 1700 qui contribue à renouveler la peinture d’histoire dans la première moitié du xviiie siècle. À cause de son décès précoce à l’âge de trente-six ans, Trémolières est peut-être le moins connu de ces peintres, quoique ce tableau, déposé à Montpellier dès 1803, ait permis de conserver durablement son souvenir. Après avoir remporté un second grand prix en 1726, Trémolières est à Rome de 1728 à 1734, où il côtoie les camarades de sa génération. De retour en France, il réside dix-huit mois à Lyon où il laisse des peintures religieuses pour les églises de la ville, puis participe, à Paris, au décor de l’hôtel de Soubise et expose régulièrement au Salon jusqu’à son décès. C’est pour sa réception à l’Académie royale de peinture et de sculpture que Trémolières présente cet épisode tiré de l’Odyssée. Ulysse est malmené par une tempête déclenchée par Neptune, mais Minerve et Ino, déesse de la Mer calme, le protègent et le conduisent à l’île des Phéaciens où un dieu fleuve le recueille. De ce sujet, le peintre élabore une composition au rythme dynamique, structurée par deux diagonales heurtées : Ulysse d’une part, le dieu fleuve et Minerve de l’autre. Les deux puissantes anatomies, parfaitement maîtrisées, expriment la violence du drame. Le coloris général, très nacré, et le mélange tourbillonnant des éléments, eau, terre, végétation, nuées, draperies, évoquent la peinture rocaille et en particulier Boucher. Pourtant, la vigueur d’exécution et la puissance du rythme et des musculatures soulignent la formation romaine du peintre, et le rapprochent de Subleyras.