Un site de Calabre

Jules Coignet, formé par Jean Victor Bertin (1767- 1842) et marqué par la leçon à la fois naturaliste et classicisante de Pierre Henri de Valenciennes, illustre bien le renouvellement de l’art du paysage durant le deuxième quart du xixe siècle, entre le pittoresque des sites, la dramatisation de la mise en scène et le classicisme de la composition, au même titre qu’Édouard Bertin ou Charles Rémond. Coignet concourt à la deuxième édition du grand prix du paysage historique de 1821, remporté par Rémond. Dès lors, l’artiste renonce aux sujets d’histoire et, en peintre voyageur, parcourt de multiples contrées encore méconnues du public des Salons parisiens. Il se rend en Italie, mais aussi en Auvergne, en Normandie, en Bretagne, dans les Vosges, au Tyrol, en Allemagne, ainsi qu’en Orient – Égypte, Syrie et Asie mineure –, de 1844 à 1846. Notre tableau fut présenté au Salon de 1827, à la suite d’un voyage en Italie que fit Coignet au début des années 1820 et de la publication de ses Vues pittoresque de l’Italie en 1825. C’est une partie méconnue de la péninsule que le peintre présente ici, la Calabre, marquée par une végétation exotique – palmiers, agaves – et par une ambiance désertique, aride et sauvage, bien éloignée de la campagne romaine ou des sites toscans et campaniens. Les voyageurs, en costume traditionnel, le personnage tombant dans un ravin notamment, apportent un caractère pittoresque et anecdotique au coeur d’un paysage noble et majestueux