Une nourrice au jardin du Luxembourg

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Une nourrice au jardin du Luxembourg
DEGAS Hilaire Germain Edgar
(Paris, 1834 - Paris, 1917)

Le thème de l’enfance traverse tout l’oeuvre d’Edgar Degas, qu’il s’agisse, à ses débuts, des Petites filles spartiates provoquant les garçons (Londres, National Gallery), ou de la fameuse sculpture Petite danseuse de quatorze ans (1881, Paris, musée d’Orsay). Le personnage du nourrisson apparaît toujours accompagné de ce véritable attribut de la famille bourgeoise qu’est la bonne ou, ici, la nourrice. Les protagonistes du tableau du musée Fabre figuraient déjà dans un tableau de 1869, Aux courses en province (Boston, Museum of Fine Arts), où l’on retrouve dans une attitude similaire la nourrice coiffée d’un bonnet, un ruban dénoué au cou, donnant le sein au nourrisson. Cela nous permet de connaître l’identité de l’enfant, Henri Valpinçon, dont les parents, proches amis du peintre, possédaient la fameuse Baigneuse d’Ingres (1808, musée du Louvre). Le tableau fait figure de rareté : Degas n’est ni Gustave Caillebotte ni Claude Monet, et sa description de la modernité parisienne reste, en dehors des champs de courses, confinée à des intérieurs. Comme le montrent les photographies prises par Eugène Atget, Constant Puyo ou les frères Séeberger, Degas se montre particulièrement fidèle à la réalité du jardin du Luxembourg à la fin du xixe siècle, volontiers fréquenté par les nurses, et meublé de chaises identiques à celle du premier plan. La scène se situe sur une terrasse dont l’arête est signifiée par une ligne horizontale, procédé perspectif familier à l’artiste, visible dans L’Orchestre de l’Opéra (vers 1870, Paris, musée d’Orsay). On a souvent noté le décentrement de la composition et les effets de flou dans le lointain comme autant d’emprunts au langage photographique, ou de signes d’inachèvement. En se rapprochant du tableau de Boston, il est aisé d’en comprendre la cause réelle. Aux courses en province est d’une taille assez modeste (36,5 × 55,9 cm), de sorte que les personnages y mesurent moins d’une dizaine de centimètres et sont à peine esquissés. La nourrice de la toile du musée Fabre apparaît ainsi comme un détail que Degas aurait voulu isoler pour en faire un sujet à part entière. Le tableau source fut par ailleurs vendu à Paul Durand-Ruel (1831-1922) en 1872. Privé de son modèle original, Degas aurait-il interrompu la composition d’Une nourrice au jardin du Luxembourg ? Ou bien, devant se séparer d’un tableau qu’il aimait, aurait-il entrepris d’en garder un souvenir ? Les deux hypothèses conduisent à ramener la date d’exécution de l’oeuvre du musée Fabre autour de 1872, voire plus tôt si l’histoire de l’art admet comme élément de datation un Henri Valpinçon toujours au sein

Emplacement

- 39 - Salle Bazille

Numéro d'inventaire

58.3.1

Date

Vers 1872

Type d'oeuvre

Peinture

Dimensions

sans cadre : L. 92.00 cm x H. 65.00 cm x E. 3.00 cm
avec cadre : L. 112.00 cm x H. 85.00 cm x E. 7.00

Materiaux

peinture à l'huile

Genre

Scène de genre

Thème

  • Enfance, enfant
  • Nature
  • Vie quotidienne