À son retour de l’Académie de France à Rome, Natoire est reçu à l’Académie royale en 1734 avec ce tableau au sujet tiré de l’Énéide de Virgile (VIII, 370- 410). Arrivé en Italie, Énée doit combattre Turnus, le roi des Rutules ; la mère d’Énée, Vénus, vient alors demander à son époux Vulcain de forger des armes pour lui et le charme dans leur chambre nuptiale. Le sujet est propice à peindre un tableau exemplaire de l’évolution contemporaine vers un art sensuel et voluptueux au détriment de thèmes plus sérieux. François Boucher (1703-1770), à ce moment seul rival de Natoire dans ce style galant, avait d’ailleurs peint en 1732 un tableau de même sujet, conservé au musée du Louvre. La composition de Natoire, organisée sur une diagonale, est calquée sur celle de Boucher. Mais si les personnages représentés par celui-ci expriment un désir amoureux bien venu, la Vénus de Natoire prend un ton impérieux, celui d’une reine s’adressant à son vassal. Au demeurant, Boucher, qui répondait à la commande d’un particulier – François Derbais – avait plus de liberté et de licence que Natoire, peignant pour l’Académie. L’élégante arabesque du dessin de Natoire, la grâce de ses femmes inspirée de Corrège, si typiques avec leur nez fin et leurs lèvres menues, la tonalité chaude qui évoque la « chambre nuptiale toute d’or » décrite par Virgile suppléent efficacement à la relative froideur des expressions des dieux. Les esquisses à l’huile du musée de l’Ermitage à Saint-Pétersbourg et du Snite Museum of Art à Notre Dame (Indiana), les dessins conservés à la Bibliothèque nationale de France à Paris et à l’Albertina de Vienne témoignent de l’attention portée par Natoire à cette oeuvre qui lui offrait l’occasion de se mesurer à Boucher
Emplacement
- 18 - Galerie des ColonnesNuméro d'inventaire
2012.19.20
Date
1734
Type d'oeuvre
PeintureDimensions
Materiaux
peinture à l'huile
Genre
HistoireThème
- Eau
- Mythologie