Le Voltaire assis compte incontestablement parmi les plus belles réussites de Houdon, portraitiste des hommes illustres de son temps. Le sculpteur profita du retour triomphal à Paris du « patriarche de Ferney », en février 1778, pour le faire poser et pour exécuter des moulages sur nature. Il diffusa largement l’effigie du philosophe à travers des bustes montrant le vieil homme en costume à la française puis reçut commande de Mme Denis, nièce de Voltaire, d’une statue en marbre pour l’Académie française. Au Salon de 1779, Houdon exposa sa composition sous la forme d’une statuette en bronze doré (Amsterdam, Rijksmuseum), qui fut envoyée à Catherine II de Russie. Houdon exécuta ensuite un grand modèle en plâtre, achevé en février 1780 (vraisemblablement l’exemplaire de la Bibliothèque nationale de France portant l’inscription : houdon f.1781), qui servit pour la réalisation d’un premier marbre, offert en septembre 1780 à la Comédie- Française et présenté au Salon de 1781, puis d’un second, signé et daté 1781, pour Catherine de Russie (Saint Pétersbourg, musée de l’Ermitage). Houdon se démarque de Pigalle (1714-1785) et de son Voltaire nu (1776, musée du Louvre) – plutôt ironiquement accueilli – en présentant son modèle assis dans un fauteuil, drapé dans une ample robe de chambre qui recouvre le pied droit. La main droite agrippe le nez d’accotoir du fauteuil. Mais c’est le visage qui capte avant tout l’attention : les cheveux sont désormais clairsemés et le bandeau de la glorification antique clairement indiqué ; malgré la maigreur du visage aux lèvres minces que crispe un imperceptible sourire, le regard pétille de malice et d’intelligence. Houdon était parvenu à une synthèse réussie de naturel, de vérité (robe de chambre, instantané de l’expression du visage) et de grandeur intemporelle (dépouillement, plis amples évoquant une toge romaine, robuste fauteuil à l’antique…). La version du musée Fabre a été réalisée par Houdon à une date indéterminée durant la décennie 1780. Il s’agit vraisemblablement de l’exemplaire de la vente de l’atelier du sculpteur, le 8 octobre 1795, acheté par Abraham Fontanel (1741-1817), membre fondateur de la Société des beaux-arts de Montpellier en 1779, premier conservateur du musée de la ville, qui sut reconnaître très tôt le génie de Houdon. Le Voltaire assis est une épreuve en terre, creuse, réalisée par estampage dans un moule à bon creux et retouchée par l’artiste. Le fauteuil, dont il manque la partie supérieure, est en plâtre blanc, recouvert d’un enduit teinté. Il diffère notablement du modèle en plâtre et des marbres. Seule la tête, plus menue que celles des marbres, ainsi que les mains ont été modelées par l'artiste. La couleur rose-brun de la patine a été bien mise en évidence par la restauration. En diffusant largement un grand nombre de répliques dans des matériaux les plus divers, l’atelier de Houdon répondait à la double exigence de la promotion de l’oeuvre du maître et de sa commercialisation. En tout cas, la présence précoce à Montpellier de cette superbe sculpture fit beaucoup pour la renommée de Houdon, de son vivant même, hors des frontières de la capitale
Emplacement
- 18 - Galerie des ColonnesNuméro d'inventaire
874.1.1
Date
Vers 1780
Type d'oeuvre
SculptureDimensions
Genre
Portrait